Très à la mode depuis quelques années, l’éducation positive et bienveillante a fait son chemin (ou plutôt son autoroute) dans les réflexions et les pratiques parentales et éducatives.

Adulée par certains, abhorrée par d’autres, elle nous semble parfois provoquer des réactions excessives, entre partisans d’une éducation permissive (laxiste ?) ou rigoriste (autoritaire ?), sans que l’on analyse le fond de ce qu’elle propose.

Alors, en néophytes du sujet, nous vous proposons aujourd’hui de plonger à la découverte des grands principes de  l’éducation positive, pour vous aider à vous forger votre propre opinion (en même temps que nous nous forgeons la nôtre !).

L’éducation positive, qu’est-ce que c’est ?

éducation positive

Spécialiste de la question, la psychologue Catherine Verdier décrit l’éducation positive comme “une “méthode, basée sur la bienveillance, respectueuse du rythme de l’enfant et de son développement, qu’il soit cognitif, émotionnel, affectif et physique. Elle puise ses valeurs dans le respect et le renforcement de l’estime de soi”

Ici déjà, certaines mâchoires acquiescent avec vigueur tandis que d’autres se crispent peut-être. Cette définition peut en effet apparaître soit comme abstraite et idéaliste, soit comme laxiste et permissive.

Avant de dissiper ces malentendus, rappelons-nous deux des 8 points communs identifiés par le chercheur d’Harvard Ronald F. Ferguson chez les parents d’enfants qui ont réussi : être un guide d’apprentissage dès le plus jeune âge, et accompagner l’enfant dans la découverte de ses possibilités et du monde. L’éducation positive résonne avec ces principes. Pour en savoir plus sur cette étude et ces 8 points communs, vous pouvez lire notre article en cliquant ici .

Intéressons-nous à présent à l’a priori le plus tenace concernant l’éducation positive : sa propension à prôner une éducation laxiste et permissive.

L’éducation positive et bienveillante, une éducation laxiste ? 

Selon les détracteurs de ce mode d’éducation, l’éducation positive signifierait l’absence de cadres et de règles, aboutissant à un enfant roi.

Cependant, de notre compréhension des principes, et des pratiques de l’éducation bienveillante, cela n’est pas aussi simple.

L’adulte y conserve  en effet tout son rôle de figure d’autorité, responsable d’un cadre au sein duquel l’enfant peut se développer, selon des règles fixées par l’adulte.

La confusion vient peut-être du fait que l’adulte prend le temps d’expliquer le cadre et les règles, afin que l’enfant les intègre, les comprenne et y adhère, plutôt qu’il n’y obéisse pas crainte de punition ou recherche de récompense. Cela ne signifie donc pas l’absence de règles, ni la possibilité de les outrepasser.

A nouveau, ce principe résonne avec l’un des points communs identifiés par les chercheurs de l’université d’Harvard, qu’il nomme ”Être une tour de contrôle pour son enfant”. Cela consiste notamment à fixer les règles du vivre ensemble, et à les faire respecter.

Règles éducation positive

Surtout, plusieurs études de neurosciences et de psychologie démontrent l’importance d’amener l’enfant (et même l’adulte !) à construire son estime de soi, à avoir conscience et confiance en ses valeurs, pour prendre des décisions par rapport à elles plutôt que par rapport à des critères extérieurs (la récompense ou la punition).

Prenons l’exemple de la motivation pour réaliser une tâche (au hasard, ranger sa chambre). Deux possibilités apparaissent : ranger sa chambre parce qu’il faut ranger sa chambre (avec à la clé une punition, ou une récompense si l’enfant le fait. Cela correspond à une motivation extrinsèque – qui vient de l’extérieur), ou ranger sa chambre parce que cela procure par exemple de la satisfaction de trier, ranger, et arriver au résultat d’un espace propre et bien organisé (cela correspond à une motivation intrinsèque – qui vient de l’intérieur).  

Concrètement la “performance” dans le premier cas sera moindre que dans le second. C’est ce qu’affirment les nombreuses études menées sur le lien entre réalisation d’une tâche, et type de motivation. 

C’est ce qu’explique Alfie Kohn, spécialiste américain de la parentalité et de l’éducation

“Reconnaître que les récompenses peuvent avoir des effets contre-productifs, s’appuie sur de nombreuses études qui ont montré par exemple que : les enfants récompensés pour avoir fait un dessin sont moins enclins à dessiner d’eux-mêmes que ceux qui dessinent juste pour s’amuser. Les adolescents récompensés aux jeux de lettres y prennent moins de plaisir et ne font pas aussi bien que ceux qui jouent sans récompenses. Les employés qui reçoivent des éloges pour avoir réussi dans ce que leur demandait leur patron, souffrent d’une baisse de motivation.”

Ainsi, l’enjeu est que l’enfant intègre les valeurs qui lui fassent adopter des comportements en ligne avec ces valeurs. Cela vous rappelle inception ? Effectivement, nous n’en sommes peut-être pas loin 🙂

Par ailleurs, l’aspect ludique est très important, à tout âge, mais particulièrement chez les enfants !

Mais alors, comment faire ? 

L’éducation positive : de la théorie à la pratique

Un autre écueil que l’on retrouve dans nombre de commentaires, articles et vidéos au sujet de l’éducation bienveillante est son aspect théorique, peu pragmatique, et culpabilisant pour tout parent confronté à la réalité du quotidien !

Et nous devons avouer que dans bon nombre d’introductions à l’éducation bienveillante – dont peut-être celle-ci – la présentation des grands principes semble parfois très éloignée de la réalité du quotidien de parents : la joie et les moments de bonheur bien sûr, mais aussi les pleurs, les cris, les crises, les situations complexes à gérer, parfois en public, souvent dans un état de stress… des situations dans lesquelles on n’est moins enclins à écouter les “il n’y a qu’à, il faut qu’on”…

De notre compréhension de l’éducation positive, et surtout dans la pratique que l’on envisage, l’une des pierres angulaires est la bienveillance envers soi-même. Oups, à nouveau ce terme peut faire grincer certaines dents, pour ce qu’il peut apparaître “bisounours”. Pour autant, accepter de ne pas être parfait, de s’énerver – avec ses enfants, son conjoint -, de recourir à la punition lorsque l’on ne voit pas d’autre solution (du moins sur le moment), tout cela nous semble non seulement possible, mais indispensable. Nous n’avons pas encore rencontré de parents ayant été en capacité de gérer de manière zen 100% des situations  !

Néanmoins, il nous semble tout aussi important d’arriver à exprimer nos propres émotions, et d’expliquer nos comportements, sur le moment ou a posteriori, à nos enfants comme à notre conjoint.

Cela nous rappelle un dernier point identifié par Ferguson chez les parents d’enfants “hautement épanouis” : être un modèle pour ses enfants, et faire ce que l’on dit, car ils s’inspirent de ce que l’on fait bien plus que ce de ce que l’on dit

Et selon nous, être un modèle ne signifie pas être parfait, lisse, zen et mesuré par tout temps et en tout lieu, mais plutôt arriver à exprimer ses émotions, expliquer ses contradictions et ses propres écarts de comportement lorsque l’on en prend conscience, en même temps que l’on explique à son enfant les valeurs qui sont importantes pour nous, et qu’on le démontre par nos actes. Alors, lorsque l’on estimera avoir crié ou puni trop vite ou trop fort, on pourra revenir vers notre enfant, une fois calme, pour lui expliquer pourquoi, voire s’excuser si l’on est en tort. En faisant cela, on lui montre que nous pouvons tous faire des erreurs, et que nous pouvons les assumer et les réparer ! Et lorsque le cri ou la punition sont mérités, expliquer  – même a posteriori –  permet potentiellement à l’enfant d’en comprendre la raison, pour qu’il y adhère et ne reproduise pas le comportement… Et s’il le reproduit ? On recommence ! 

Education bienveillante

L’éducation positive : conclusion

Nous espérons que cette introduction toute personnelle à l’éducation positive vous aura intéressés ! Vous l’aurez compris, après ce premier voyage au pays de l’éducation bienveillante, nous en partageons les principes et les valeurs, car ils résonnent avec les nôtres, qui se fondent notamment sur les conclusions des études de psychologie et de neurosciences. Mais notre vision de l’éducation positive et bienveillante correspond à un modèle pragmatique, sans culpabilité, où l’on sait que ni nos enfants ni nous ne sommes parfaits, et que les écarts et sorties de route font partie du quotidien, autant que l’intention de bien faire et d’appliquer ces principes !

Dites-nous en commentaires si le sujet vous intéresse, et nous continuerons alors de l’explorer, sous l’angle d’une part des neurosciences et de la psychologie (à venir par exemple : les stades du développement de l’enfant), et d’autres parts du pragmatisme avec applications concrètes au quotidien de parent !

Et vous, que pensez-vous de l’éducation positive et bienveillante ?

L’éducation positive et bienveillante : sources et ressources

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