S’il existe d’innombrables manières d’apprendre, les bancs de l’école sont malheureusement parfois synonymes  de stress ou d’ennui pour nos enfants. Or, pourquoi ne serait-il pas possible d’apprendre en jouant ?

Après vous avoir présenté dans un précédent article la méthode Montessori, nous vous proposons aujourd’hui d’aborder l’apprentissage sous un nouvel angle, celui du jeu, avec un exemple particulier : comment apprendre en jouant grâce aux associations d’idées. Vous découvrirez dans cet article une alternative à l’apprentissage “par cœur” classique. Ludique et simple à mettre en place, elle ne demande pas beaucoup d’investissement et pourtant, elle ravira à coup sûr vos enfants pour apprendre une leçon d’histoire ou une poésie! Cette méthode consiste à utiliser son imagination et sa créativité pour créer des associations d’idées et retenir facilement. Voyons tout de suite à quoi cela correspond ! 

Apprendre en jouant : le principe

L’association d’idées est comme son nom l’indique, une combinaison : une combinaison entre des idées – celles que l’on veut retenir –  et des images mentales. En effet, pour que l’information soit mémorisée durablement et facilement, on va construire une image mentale “en 4 dimensions”. Par exemple, pour mémoriser une liste de courses, il suffit de mettre en scène les objets présents sur la liste. Pour une salade, de la viande et de l’eau, une scène peut faire intervenir une salade géante que broute une vache géante, le tout sous une cascade d’eau. Pour vous souvenir de ce que vous devez acheter au magasin, vous n’avez qu’à vous souvenir de cette scène et non plus de chaque élément qui compose votre liste de courses.

Cette méthode se base sur le fonctionnement naturel du cerveau. En effet, il va se remémorer plus facilement des informations associées à des images, a fortiori si elles sont remarquables (par leur originalité, les émotions qu’elles suscitent…). Je me souviens avoir toujours vu la tête de Jules César à côté d’une grande butte de terre dès que je me remémore la date de la prise d’Alésia en -52 avant J-C. L’information est vide de sens, lui rajouter une scène marquante aide le cerveau à retenir car cela lui permet de lui trouver une signification. L’association d’idées consiste donc à créer une clé d’accès – l’image – à une ressource stockée dans la mémoire. 

Apprendre devient donc plus amusant et ludique : un cours d’histoire devient un film qui se déroule derrière vos paupières closes, ou celles de votre enfant ! Chaque scène et chaque protagoniste peut alors représenter l’un des éléments clés du cours, qui devient ainsi facile à mémoriser.  Préférez-vous toujours répéter inlassablement votre leçon, devant votre cahier ouvert ? 

Les applications possibles des associations d’idées

A présent que vous connaissez le principe de la méthode, essayons de l’appliquer ensemble pour que vous réalisiez par vous-même la puissance de l’outil… et puissiez le partager à vos enfants 🙂

La méthode classique d’apprentissage

Pour commencer, essayer d’apprendre cette suite de mots de la manière “classique” en moins d’une minute : 

  1. Chaussure
  2. Téléphone 
  3. Arbre 
  4. Verre
  5. Pamplemousse
  6. Girafe 
  7. Voiture
  8. Singe

Quel est votre score ? Avez-vous réussi à retenir cette liste dans l’ordre sans rien oublier ? 

Félicitations aux personnes qui ont réussi, nous allons voir maintenant la différence avec l’application de la technique que je vous ai présentée. 

Les associations d’idées : racontez-vous une histoire pour apprendre en jouant

Pour reprendre la suite précédente, il est possible de se raconter une histoire que l’on fera défiler dans notre tête pour ne rien oublier. En premier lieu, et c’est l’occasion de retrouver une âme d’enfant, il faut réussir à trouver des images mentales lorsque l’on évoque un objet. Par exemple, lorsque je vous dis “ téléphone” à quoi pensez-vous ? Est-ce un smartphone d’une marque très connue ? Ou plutôt un téléphone à clapet ? Peut-être est-ce le téléphone rouge du pentagone ? En fait, il n’y a pas de bonne réponse, la seule valide est la vôtre. 

Dès que cela est fait, il vous suffit de mettre en relation, en interaction tous les éléments de la série pour lui donner du mouvement, exagérer les proportions, les couleurs, ajouter des sons, et pourquoi pas des couleurs et des goûts. Ces derniers points sont utiles pour rendre une image saillante et mieux la mémoriser. 

Pour reprendre, la liste se présente de cette manière pour moi :

  • Une énorme chaussure de la marque “FILA” – que je trouve laide – court vers un téléphone rouge accroché à un arbre. Cet arbre est un peu spécial, c’est un sapin et qui a des verres Coca-Cola à la place des pommes de pin. D’un coup, l’arbre craque et pousse un pamplemousse géant à point vert qui tente d’écraser une girafe qui conduit une voiture où seul son cou dépasse du toit. Enfin, un gorille rouge de rage tape sur le capot de la voiture en criant qu’elle roule trop vite. 

Vous allez sans doute vous dire que c’est n’importe quoi. Et justement, c’est le but, plus l’image est marquante et plus elle s’ancrera dans votre cerveau. Créer une histoire a également pour avantage de pouvoir retenir ce que l’on veut dans l’ordre.

Essayez à nouveau de retenir la série de mots mais cette fois, utilisez une histoire que vous allez créer. 

Alors quel est le résultat ? Avez-vous réussi à améliorer votre résultat ? Souvenez-vous de toute la série et dans l’ordre ? 

Pour vous entraîner et finir de vous convaincre, mémorisez cette nouvelle liste à l’aide de l’association d’idées. 

  1. Ordinateur
  2. Orange
  3. Fourchette
  4. Moto
  5. Vernis
  6. Casque 
  7. Pingouin
  8. Rouge à lèvre
  9. Costume 
  10. Riz 
  11. Four
  12. Pont
  13. Machine à laver
  14. Momie
  15. Miroir

Normalement, en moins de deux minutes, vous devriez connaître la série des quinze mots dans l’ordre. 

Cette méthode présente comme avantage d’être plus ludique et amusante pour les enfants. Au lieu d’avoir un apprentissage long et fastidieux, on le remplace par un exercice ludique et qui encourage l’enfant à imaginer et créer des histoires. Cela leur permet – mais aussi aux adultes – de développer leur créativité. L’apprentissage n’est plus une corvée mais un jeu !

Apprendre à vos enfants à utiliser les associations d’idées : 3 exemples

Un peu de conjugaison

Votre enfant ne sait pas comment retenir que l’on met un s lorsque l’on conjugue à la deuxième personne du singulier ? Proposez-lui d’imaginer une personnage en forme de TU (il existe bien des personnages en forme d’éponge – Bob – de voiture – Cars – alors pourquoi pas en forme de TU ?) tenir en laisse un grand S.  Si vous souhaitez une version plus imagée et n’en avez pas peur, pourquoi ne pas imaginer une danseuse en tutu tenir en laisse un serpent ?

Un plongeon bien calculé

Les tables de multiplication sont compliquées ? Pourquoi ne pas transformer les calculs complexes en images mentales.

Prenons par exemple 9*9=81

Imaginez un plongeoir, sur le quel se trouve un bonhomme en forme de 9 : il plonge, et se retrouve planté dans l’autre sens. Un deuxième 9 s’approche et saute à son tour, à l’endroit lui. Il tombe sur le premier 9, ce qui forme un 8. Et voilà que la planche du plongeoir cède, et se plante à la verticale à côté du 8 : voilà que 81 apparaît !

Une leçon d’histoire

Vous pouvez dans un premier temps découper la leçon d’histoire en scénettes : ces scénettes se dérouleront peut-être dans un lieu particulier, avec des protagonistes particuliers qui réalisent des actions particulières avec des objets particuliers. Si votre enfant (certes un peu plus âgé) devait retenir le nom de Jean-Casimir Perier, 6e président de la 3e république, il pourrait par exemple imaginer Casimir, portant un jean et tenant dans la main une bouteille de Perrier. S’il devait ensuite se rappeler que Felix Faure lui a succédé, il pourrait se représenter ce Casimir vêtu d’un jean verser sa bouteille de perrier sur un chat très costaud (Félix étant un nom répandu chez les chat, et costaud = fort = Faure).

Associations d'idées

Vous pouvez également proposer à votre enfant de dessiner ces associations d’idées et ces scénettes afin de l’aider à les mémoriser, tout en rendant le travail ludique.

Alors, êtes-vous à présent convaincus qu’il est possible d’apprendre en jouant ? Partagez-nous vos retours, questionnements et étonnements en commentaire.

Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir nos articles dédiés à l’apprentissage et la mémorisation, écrits pour le blog Changer Aujourd’hui.

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