Maman d’une petite fille née grande prématurée, Alexandra est l’auteure de deux livres parlant de la prématurité : Toi, mon bébé prématuré et Matéli rencontre Léa. Alexandra a accepté de nous partager son parcours, son “expérience” de la prématurité et le cheminement qui l’a menée à écrire ces deux ouvrages.

Merci Alexandra !

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

bébé prématuré Alexandra

Je m’appelle Alexandra Le Dauphin. J’exerce le captivant métier de rédactrice web / chargée de communication. Autrement dit, je passe mon temps à écrire et j’adore cela.

J’officie en télétravail, ce qui est une chance extraordinaire car cela me permet d’être une femme active et une maman à la maison pour ses enfants. J’apprécie de pouvoir ainsi les voir grandir tout en m’épanouissant dans mon activité professionnelle.

Y-a-t-il eu un/des moments qui vous ont particulièrement marquée dans votre parcours ?

Avant de devenir rédactrice web, j’exerçais en tant qu’assistante commerciale. Et puis un jour, sans crier gare, je me suis fait licencier par mon entreprise qui connaissait la crise et a dû se séparer de plusieurs personnes pour motif économique.

Si, sur le coup, j’ai accusé le choc, j’ai compris des années après le pourquoi de cet évènement : je n’étais pas à ma place…Aujourd’hui tout est clair et je suis ravie d’avoir changé d’orientation.

Pouvez-vous nous parler de votre “expérience” de la prématurité ?

En 2006, je tombe enceinte de mon aînée, ma fille Elina. J’exulte ! Les premiers mois se passent sans encombre jusqu’à l’échographie morphologique du 5ème mois où l’on me dit : « votre fille est un peu petite ». Rien de plus.

Je ne me sens pas rassurée et compare les mesures de ma fille avec celles trouvées sur Internet pour un bébé du même stade. C’est la douche froide… Je comprends qu’il y a un problème, que ma fille ne grandit clairement pas assez vite.

Mais jamais je n’aurais imaginé qu’elle allait naître à 6 mois de grossesse, sortie en urgence pour la placer dans un environnement où elle pourrait mieux évoluer. Quel choc pour une mère que de se dire que notre ventre est devenu un cocon morbide pour notre bébé.

Elina est restée 90 jours à l’hôpital, soit le temps qu’il lui manquait dans mon utérus. Il y eut des jours ternes rythmés par les désaturations de ma fille et les angoisses que cela nous générait, à mon mari et moi.

Un arrêt cardiaque a failli lui coûter la vie mais les équipes de l’hôpital Pellegrin ont fait le nécessaire pour la ramener.

La prématurité, c’est vraiment un traumatisme pour tous les parents. Cela laisse des stigmates, des plaies ouvertes qui cicatrisent avec le temps mais sont vite promptes à se rouvrir à la moindre toux…

Couveuse bébé prématuré

Qu’est-ce qui vous a amenée à écrire sur la prématurité ?

A la base, c’était un moyen d’exorciser ma tristesse, ma souffrance et le sentiment de culpabilité que je ressentais. Ecrire m’a permis de canaliser ma douleur et de la partager. Ainsi, j’ai noué mes premières amitiés avec d’autres parents ayant vécu la même chose au même moment.

Jamais  je n’aurais pensé en faire un livre… D’ailleurs, mes ouvrages sur ce thème sont venus plus tard, une fois que j’étais prête à explorer le sujet en profondeur sans tomber dans les abîmes

De quel constat êtes-vous partie ? Quelles thématiques souhaitiez-vous adresser et de quelle manière?

Je voulais mettre en lumière le RCIU (retard de croissance intra-utérin) qui a touché ma fille car je trouvais que l’on n’en parlait pas assez. Au moment où il m’a frappée, je ne savais pas du tout ce que c’était.

Il m’importait également de laisser la parole à d’autres parents touchés par différents types de naissances prématurées comme celles causées par une pré-éclampsie par exemple.

Afin de traiter le sujet avec un œil médical, j’ai interviewé des puéricultrices et un intervenant d’un centre de lactarium.

Comment vos deux livres ont-t-il été conçus ? A quels publics s’adressent-ils ?   

Mes deux livres diffèrent par le public qu’ils touchent.

toi mon bébé prématuré

D’un côté, « Toi mon bébé prématuré » (éditions la boite à Pandore) vise un public adulte. Il reprend des témoignages de parents ainsi que le parcours de ma fille à l’hôpital et son évolution par la suite. Il me semblait important de dévoiler comment elle a grandi, pour montrer qu’il y a de l’espoir, même avec des bébés de moins de 600 grammes à la naissance.

Matéli rencontré léa

De l’autre côté, mon livre jeunesse « Matéli rencontre Léa » est une histoire pour les 2 à 5 ans mêlant phrases accessibles pour les jeunes enfants et illustrations colorées avec des animaux. J’ai choisi des ours et un univers doux afin d’aborder le thème sensible de la prématurité. Il s’agit de pouvoir en parler sans effrayer la fratrie, qui se pose de nombreuses questions par rapport au fait que le dernier-né est resté à l’hôpital.

Vous reversez une partie des revenus de vos livres à deux associations, pouvez-vous nous en dire plus ?

J’ai en effet décidé de reverser pour chacun de mes livres sur le thème de la prématurité la moitié de mes droits d’auteur.

Pour « Toi, mon bébé prématuré », j’ai choisi d’aider l’association « A p’tits pas » du CHU Pellegrin de Bordeaux. Elle est rattachée au service de néonatologie de l’hôpital, service qui a veillé avec amour sur ma fille.

Concernant « Matéli rencontre Léa », j’ai décidé d’épauler l’association « Les fées bleues » du CHU Pellegrin de Bordeaux, association liée au service de réanimation de l’hôpital qui, lui, a sauvé ma fille.

Livre prématurité

Où peut-on trouver vos livres ?

Mes livres sur la prématurité sont disponibles sur toutes les plateformes de vente en ligne comme la FNAC, Cultura, Amazon… On peut également se les procurer sur commande dans la majorité des librairies de France ou de Belgique.

-Quels messages et quels conseils souhaiteriez-vous donner aux parents de nouveaux-nés prématurés ?

J’ai deux choses à leur communiquer, mes deux piliers qui m’ont aidée à surmonter ce traumatisme :

  • écrire. Je vous conseille de coucher sur le papier vos émotions, de vous livrer sans pudeur à la feuille blanche pour évacuer les pensées noires.
  • communiquer. Je m’étais inscrite sur des forums de mamans de prématurés et cela m’a énormément aidée. Nous échangions sur nos craintes puis sur les progrès de nos bébés, leurs séquelles éventuelles…Je me suis sentie comprise.

Merci beaucoup Alexandra d’avoir répondu à cette interview !

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter :

Art thérapie Caroline Capot
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