Nous vous partageons le témoignage de Jennifer, maman d’une petite costaud né à 27SA + 1 jour, qui raconte comment la pré éclampsie a fait d’elle une maman avant l’heure.

Un grand merci à Jennifer pour son témoignage.

Je me présente tout d’abord, je m’appelle Jennifer, je suis la maman de Lila née à 27 semaines + 1 jour.

J’apprends ma grossesse le 27 janvier 2020, ma grossesse se passe plutôt bien mise à part quelques maux de grossesse, des nausées, sciatiques, maux de tête (mais qui ne m’inquiètent pas étant donné que je suis migraineuse), j’en parle à ma médecin traitant, ma sage-femme, mais rien d’alarmant d’après elles.

Ma première écho arrive, je suis impatiente mais stressée car la grande rencontre se fera seule, avec la covid mon conjoint n’a pu être présent. C’est le grand jour, je rencontre l’amour de notre vie, bébé se porte à merveille et mademoiselle est déjà bien tonique et oui j’apprends dès cette première écho, que nous attendons une petite fille.

Apres cette première écho, je vis la grossesse un peu mieux, je suis moins malade et je me repose beaucoup (période de confinement, qui finalement tombe à pic) mais toujours ces douleurs au niveau du bas dos et bas du ventre malgré des séances d’Ostéopathie.

Le 26 Mai 2020 arrive, 2ème écho, cette fois ci, papa est avec nous et rencontre pour la première fois notre petit chat. C’est une journée où il fait très chaud, pas loin de 38 degrés. J’ai les jambes gonflées, mais tout le monde autour de moi me dit que c’est normal c’est la chaleur !! Je ne m’inquiète donc pas. Et lors de l’écho il n’en est pas question.

L’écho se déroule super bien, c’est très long, car la gynéco vérifie tout. A la fin elle nous dit que tout va très bien, bébé se porte à merveille et elle nous confirme le sexe. Lors de notre départ la machine plante à cause de la chaleur, la gynéco ne peut donc nous sortir les mesures de bébé, elle me dit que les clichés seront prêt le lendemain et que je pourrai venir les chercher.

Le lendemain, appel de ma gynéco, après avoir regardé les mesures de bébé, elle est inquiète, elle trouve que bébé fait un petit poids et a un doute sur la mesure des fémurs, mais elle ne sait pas si les mesures du bébé ont été faussées à cause du beug de la machine ou si vraiment il y a un souci, elle préfère donc que je sois revue, elle me propose donc un rdv de contrôle le 9 Juin avec sa consœur. Je ne suis pas inquiète, je pense à une erreur de la machine suite au problème survenu à la fin du rdv.

Le 9 Juin arrive, l’écho se passe dans un silence qui m’angoisse et le verdict tombe, mon bébé a un retard de croissance important, elle pèse a peine 600 gr, elle me dit que j’ai les artères utérines résistantes et que en gros je ne nourris pas assez mon bébé, je me prends ça en pleine figure même si elle a été extrêmement gentille et a pris le temps de m’expliquer, que pour le moment elle ne connaissait pas la cause de tout ça, qu’il faut explorer. Je vais donc devoir faire une écho de référence dans un hôpital de type 3, qui est convenue au 23 Juin. Les 15 jours ont été très durs, j’avais très peur de perdre mon bébé ou de devoir prendre une décision radicale !

Le 23 Juin arrive, nous somme pris en charge par une gynéco superbe, elle me fait cette fameuse écho, elle confirme que toute va bien, il n’y a pas d’anomalies, bébé est en pleine forme, mais que bébé fait seulement 700 gr et que mes artères utérines n’envoient pratiquement plus rien à mon bébé, c’est le coup de massue, j’ai peur, je pleure, que va devenir mon bébé ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Elle me parle d’une éventuelle hospitalisation dans le service de grossesse à risque mais ayant rdv avec ma gynéco le lendemain, elle la laisse s’occuper de ça comme elle me connaissait mieux.

Le 24 Juin, j’ai rdv à 9h à l’hôpital avec ma gynéco, analyse d’urines, monito et prise de tension, on ne me l’avait pas encore prise jusqu’ici, une tension à 15/08.Quelques minutes plus tard on me confirme que j’ai des protéines dans les urines, je tilte direct, ma copine a fait une pré éclampsie à 35 SA, mais moi je ne suis qu’à 26 +5, c’est trop tôt, que va-t-il se passer. La gynéco vient quelques minutes plus tard, me confirmer que je fais une pré éclampsie sévère et précoce, je vais être hospitalisée d’urgence dans un hôpital de type 3, avant de partir on m’explique que mon bébé peut naitre demain ou dans quelques semaines mais que je n’irai pas à terme. J’ai une première piqure de corticoïdes pour la maturation des poumons et je suis transportée en ambulance au CHU de Caen. Je suis donc hospitalisée jusqu’à mon accouchement au SIG (surveillance intensive de grossesse)

Le jeudi, vendredi, je vois des pédiatres, des psychologues, on échange, on m’informe des différents stades de la prématurité, on me fait des monitos 3 fois par jour, bébé, elle, elle pète le feu =). Moi je suis détendue, je me repose et je suis persuadée que je vais tenir le coup. Mais finalement ça n’aura pas tenu longtemps à 20h le vendredi 26 Juin, je décline, je me sens bizarre, je me lève de mon lit et là l’horreur, y’a du sang partout, je sonne, je cours dans le couloir et là je m’effondre, je suis certaine de perdre mon bébé, dans la seconde qui suit, je suis prise en charge par l’équipe, très vite vue par une interne, elle me diagnostique un hématome retro placentaire, confirmé 1h après, par le gynéco de garde. Je préviens mon conjoint qui était chez nous, à 1h30 de route, je monte dans un service ou je suis encore plus surveillée, ça va mieux je me suis stabilisée, l’hématome ne saigne plus. Mon conjoint arrive, je vais mieux. Mais cela ne dure que 3O minutes je décline de nouveau, j’ai mal au niveau du thorax, comme si on m’enfonçait quelque chose dans le corps qui me transperçait également le dos, je perds de nouveau beaucoup de sang, le monito est branché, bébé va bien, le gynéco revient m’ausculter avec son équipe, je suis en travail, ouverte à un doigt, il sent la tête, je vais accoucher cette nuit. J’ai quelques contractions, on me donne des comprimés a intervalle de 3O minutes, pour ralentir le travail et on me passe une seringue énorme de sulfate de magnésium pour la maturité du cerveau de bébé, c’est atroce ça me rend malade, j’ai chaud, j’ai froid, je vomis, et j’ai toujours cette douleur atroce. La seringue est passée, 2H45, code rouge, je pars au bloc en urgence pour une césarienne, le personnel autour de moi est super, au moment de sortir bébé, mon conjoint peut venir, je suis aux anges. 3H11 Lila pousse son premier cris, nous sommes stressés mais heureux, je pleure, je comprends que ma fille est déjà une battante, je ne pensais pas à ce terme l’entendre pleurer. Je l’aperçois très rapidement, une équipe l’attend pour s’occuper d’elle, mon conjoint suit. Moi je me sens nettement mieux tout d’un coup. Je retourne en surveillance ++, car bien que je me sente mieux mon état reste préoccupant.

Je ferai la rencontre de notre fille à 7h, elle est minuscule elle fait 750 grammes. Je suis émue de voir ce petit bébé, ma fille, notre fille, branchée à tout un tas de fils. Je suis submergée d’amour, mais de stress, j’ai peur que la vie décide de nous la prendre, bien que je crois en elle plus que tout et que je sais qu’elle va y’arriver, mais les premières heures sont décisives.

J’apprendrai quelques heures plus tard, que j’ai fait un HELLP syndrome, j’aurais pu m’éclater le foie.

S’en suit 83 jours d’hôpital, 6 semaines de réanimation/Neonat et à sa 32ème semaine nous serons transférés en néonatalogie à Avranches, un centre hospitalier plus près de chez nous. Notre quotidien à présent c’est les 4 murs de cette chambre d’hôpital, plongés dans la pénombre et dans un calme absolu (si on enlève les bips incessants du scope).

C’est une épreuve très difficile, on passe par tout un tas d’émotions. Du stress, des pleurs, de la joie, des victoires, des heures de peau à peau. Lila a fait un parcours quasiment sans fautes, elle a eu tous les petits maux des extrêmes prématurés (jaunisse, glycémie élevée, bradycardies etc.), elle a fait une infection (suspicion d’entérocolite + thrombose rénale) a son 14ème jour de vie, suite à ça elle a été intubée et aura été transfusée 2 fois. Gros coup de massue, on a cru la perdre. Mais elle s’est battue comme une championne. Et s’en est rapidement remise, maman un peu moins. A sa 32ème semaine, Lila étais stable et son état permettait un transfert dans un centre plus près de chez nous. On sortira tous les 3 en champions, 83 jours plus tard, le 15 Septembre, en permission de 24h pour commencer. Le bonheur. C’est un parcours long, intense, qui demande énormément de patience, on pense ne jamais voir la lumière au bout du couloir, et puis elle arrive gentiment.

J’admire ma fille, elle a eu une force incroyable.

Les équipes étaient superbes.

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