Nous vous partageons le témoignage de Sabrina, maman d’un petit costaud né à 34+6SA, qui raconte le poids de la culpabilité qu’elle a ressenti.

Suite à cette épreuve, cette super maman a suivi une formation de facilitatrice de cercles mamans bébés et s’implique auprès de mamans ayant vécu la prématurité.

Un grand merci à Sabrina pour son témoignage et son investissement.

Le 22/11/2014 à 4h00, à 34+6SA , je perds les eaux, je réveille Mr qui dort en panique et je ne cesse de répéter “il est trop petit, il faut pas qu’il naisse maintenant”.

Nous voilà partis pour la clinique, arrivés là bas, après examen on me dit que le travail a commencé, que mon tout petit va naitre aujourd’hui. Je me sens complètement perdue, j’ angoisse mais les dés sont lancés, faut faire avec.

Une fois installée en salle de naissance et péridurale effectuée, on vient me dire qu’il manque environ une semaine de maturité aux poumons et qu’à peine né on me le posera quelques secondes sur moi avant qu’il parte en néonatalité, et que le futur papa devra le suivre là-bas. Là, pour moi, c’ est l’électrochoc, je suis anéantie, je me demande pourquoi je n’ai pas réussi à le garder au chaud encore un peu, qu’ai-je mal fait pour en arriver là. La culpabilité me submerge, en même temps j’ai peur pour mon bébé.

A 10h25, mon petit bonhomme montre le bout de son nez, juste le temps de faire connaissance qu’il part déjà, je me retrouve seule, avec l’ équipe médicale qui s’ occupe de moi.

Après environ 3h d’ attente insoutenable, on m’amène voir mon bébé. Je le voit enfin, à mon arrivée on lui enlève les lunettes, on m’explique que c’était juste pour l’aider un peu. Le voir avec ces fils partout ça me fait mal, je peux rester un peu avec lui. Après avoir mangé, je retourne le voir, il est dans sa couveuse. On m’ installe afin de faire du peau à peau, là c’est le beau moment depuis qu’il est né, je peux enfin le prendre dans mes bras.

On m’ explique qu’il va devoir rester au moins une semaine en néonatalité, aucun bébé n’en sort avant 36 SA, qu’il pèse 2,740 kg, que pour un petit bout comme lui c’est une très bonne chose, ça va l’ aider dans son parcours et que mis à part le manque de maturité aux poumons tout va bien.

Je passe donc 10 jours en maternité, je passe mon temps entre la néonat et ma chambre, je m’ oblige à rester dans ma chambre la nuit pour pouvoir me reposer un peu.

2 jours après sa naissance, on le sort de la couveuse mais il doit rester en néonat, il faut toujours vérifier ses constantes, il a les mains et les pieds bleus à force de faire des dextro, 2 jours plus tard je peux l’ avoir en chambre avec moi 2h, je suis super heureuse. 6 jours sont passés, je descends le voir le matin pour la visite et là surprise je peux regagner ma chambre avec lui, il ne la quittera plus, on sort tous les deux le 1er décembre.

Une fois à la maison, notre petite vie à trois commence, je suis toujours prise par la culpabilité,je m’en veux de ne pas avoir pu finir mon lien avec lui jusqu’au terme. Sinon on est super fusionnel, j’ai un peu tendance à le surprotéger mais comment m’en vouloir après cette épreuve.

Mon petit cœur grandit, il évolue super bien mais j’ai toujours cette sensation au fond de moi, je n’ arrive pas à trouver les mots. Le temps passe, il a maintenant 7 ans, mis à part un léger retard de langage, qu’il a rapidement rattrapé, entre l’école et l’orthophoniste (aujourd’hui, il ne s’arrête plus, il parle du matin au soir) il va très bien. C’est un petit garçon plein de vie, d’amour, je suis si fière de lui.

J’arrive enfin à en parler, à mettre des mots sur ce que je ressens, j’ arrive à dire que ce n’était pas de ma faute.

Aujourd’hui, je ne souhaite pas que des mamans ressentent encore cette culpabilité. C’ est pourquoi j’ai décidé de suivre une formation de facilitatrice de cercles mamans bébés et de surtout m’impliquer auprès des mamans de petits prématurés ou ayant eu un accouchement difficile. Pour moi, pouvoir échanger avec des femmes ayant traversé la même épreuve est important car c’est le seul moyen d’ avoir des personnes qui puissent nous comprendre et de pouvoir ainsi se sentir plus forte et plus épanouie dans notre rôle de maman.

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Si vous souhaitez, vous aussi, partager votre témoignage sur la naissance prématurée de votre bébé, vous pouvez nous contacter via notre adresse mail : contact@petitmaiscostaud.fr

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