Nous vous partageons le témoignage d’Amandine, maman d’une petite costaud née 2 mois et demi en avance. Une histoire poignante, qui met en lumière le traumatisme que peut représenter une naissance prématurée. 

Un grand merci à Amandine pour son courage et son témoignage.

Je me présente, Amandine Mange, épouse de Nicolas depuis ce 17 juillet 2017.
Mariage qui intervient dans nos vies après mes 6 mois d’arrêt maladie. Opération de la vessie, les chirurgiens sont formels, il y a peu de chances pour que je puisse connaître la maternité. Je rentre dans un protocole de recherche d’endométriose.
C’est à ce titre que je fais la démarche d’arrêter tout contraceptif. Nous sommes tous deux abasourdis par la nouvelle. Mais les préparatifs du mariage nous rattrapent et occupent nos esprits.


Quelques mois plus tard se sera début mai, quelques jours après nos enterrements de vie de jeune fille et garçon, le test de grossesse est positif !!!! Je suis enceinte !
Je m’empresse d’aller acheter quelques conneries à offrir à Nicolas pour lui annoncer la bonne nouvelle. Nous l’annoncerons à tous nos proches lors de notre mariage.


Je n’aurai eu que quelques semaines de répit, avant d’avoir des complications. Arrêt maladie a à peine 1 mois de grossesse. Bêta HCG qui ne double pas comme il faudrait, perte de sang , malaise, nausées et énormément de vomissements. On nous annonce que nous attendions des jumeaux mais que l’un d’entre eux n’est pas viable, finalement il s’agit d’un kyste !
Je n’aurais fait que 2 échographies prévues dans le suivi de grossesse avant l’arrivée de Saômé.

Le 28 novembre, je suis très essoufflée, j’ai dormi toute la journée, je suis très fatiguée. Nicolas, en rentrant du travail, me conduit chez le médecin. Pour le généraliste, rien d’alarmant. Œdème aux pieds, tension un peu élevée mais rien d’inquiétant. Il nous renvoie à la maison avec une ordonnance pour des bas de contention.
Mais je suis convaincue qu’il y a quelque chose qui ne va pas.
J’appelle la sage femme, pour un second avis, en lui décrivant mes symptômes, elle m’envoie sans tarder aux urgences. C’est le début de ma souffrance.
Arrivée aux urgences, 20 de tension, protéine dans les urines, prise de poids fulgurante – en 10 jours 12kg. Le diagnostic est sans appel PRÉ ÉCLAMPSIE (je vous invite à aller voir sur Google de quoi il s’agit, deuxième cause de mortalité chez la femme enceinte).
Le personnel soignant est inquiet et nous félicite d’être venus aux urgences, sans quoi je serai décédée avec mon bébé pendant la nuit.
Toute une équipe s’affaire autour de moi, on m’injecte un produit pour la maturation des poumons de bébé. Une césarienne va être organisée dans les heures, les jours à venir.
Je ne suis qu’à 6 mois et demi de grossesse. Et nous avons très peur.


Je suis placée en chambre «  grossesse à risque » et je suis surveillée comme de l’huile sur le feu. Nicolas prendra place sur le fauteuil à mes côtés, impuissant à toute ma douleur.
Au lendemain, le gynécologue lui demande de rester auprès de moi, il est désigné comme personne de confiance. Mes chances de survie sont de 80 %, le médecin insiste sur les 20% restant.
La décision reviendra à Nicolas, dans le cadre où il ne pourrait pas nous sauver toutes les deux.
Bien évidement, je n’ai été au courant de tout cela que bien plus tard.
Mais je voyais bien le visage décomposé de mon mari, ses yeux rouges en rentrant dans ma chambre.


4 jours plus tard, et 4 kg en plus.
Le 2 décembre, alors que mon congé maternité ne commence que le 5 janvier, notre princesse est prévue pour le 14 février.
7h du matin, une équipe en furie arrive dans ma chambre avec un brancard. L’anesthésiste est présent aussi. C’est le moment, je part pour la césarienne. Bébé et moi sommes au bout du bout. Je demande à la sage femme de prendre mon portable et de prévenir Nicolas.
Il ne pourra pas assister à la césarienne, le bilan est trop lourd.
Je suis sur la table d’opération, je tremble de tout mon corps malgré l’anesthésie, je suis morte de trouille et mon mari n’est pas à mes côtés.  Le personnel soignant me confirme que Nicolas est arrivé et qu’il fait les 100 pas dans le couloir. Je suis rassurée.
La césarienne ne se passe pas au mieux, je suis tellement pleine d’eau que ma peau a éclaté sous le scalpel et mes intestins sont sortis de leur emplacement. Mes intestins sur la table, coûte que coûte on sort bébé.
Notre princesse est extraite de mon ventre à 8h56. Elle pèse 1kg240 !!!


Mais je ne la verrai pas avant le dimanche soir. Je l’ai rencontrée à travers les photos que son papa prenait pour moi.
Elle est pleine de tuyaux. Ça lui sort par la bouche, le nez, le nombril, les pieds et le dessous du bras. Elle est transparente.
Saômé est en souffrance. Elle se bat pour chaque bouffée d’air. Le mouvement de son thorax est impressionnant.
Nicolas, fait les va-et-vient entre la couveuse et mon lit. Aux premières heures, je suis sous morphine, je souffre tellement. Je ne veux plus que le personnel soignant me touche, elles ne sont pas patientes.
C’est Nicolas, qui me fera ma toilette à même le lit, qui me donnera à manger et pour tous les autres moments tellement gênants, il sera là aussi. A ce moment là, J’ai besoin de lui.
Comme il me couche le soir, il me retrouve le lendemain dans mon lit. Et les heures de la nuit sont longues sans lui à mon chevet.
Il me faudra trois longues semaines pour me remettre à peu près sur pieds.
De l’autre côté, notre fille risque l’hémorragie interne. Ses plaquettes sont très basses, elle est transfusée tous les jours. Les pédiatres ne savent plus quelle conduite tenir. Ils envisagent de la transférer à Brabois. Son taux de sucre fait le yoyo, elle atteint des 4/5grs de sucre dans le sang. Elle reçoit de l’insuline. Elle est tellement petite, et tellement de machines la maintiennent en vie. Des pousse-seringues, elle en a au moins 6 autour d’elle.
Cette scène est traumatisante !
Nous ne s’avons pas si elle va s’en sortir, chaque seconde à ses côtés compte.


Notre vie s’est arrêtée le 28 novembre, et nous vivons au rythme des bips de la couveuse de notre petite protégée.
Elle sortira fin janvier de l’hôpital, avec une panoplie de médicaments, tout comme maman.
Elle est encore très fragile, son cœur n’est pas encore bien formé. Elle est suivie de très près. Elle a reçu un traitement hospitalier, chaque semaine, elle passe une journée à l’hôpital.
La vie nous a donné une sacrée épreuve.

Nous avons essayé de survivre tout les trois à notre manière, sans le soutien de personne. Seuls, complètement seuls et démunis face à tant d’épreuves.
Personne n’a tendu la main à Nicolas, personne ne lui a donné une accolade chaleureuse.
Et pourtant dans de tels moments, un peu de soutien est tellement réconfortant.

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