Nous vous partageons le témoignage de Océane, maman d’un petit costaud né à 28SA, qui raconte le combat de leur fils, mais aussi le leur, celui de parents.

Un grand merci à Océane pour son témoignage.

Les 100 premiers jours de Gaspard 

C’était un jeudi comme les autres qui débutait mais ce jour-là, des petites douleurs au niveau du ventre l’ont rendu différent. 28 SA tout pile ! Quelques heures plus tard, les douleurs persistaient et m’ont fait me rendre aux urgences afin de contrôler ce « petit mal de ventre ». 

Ensuite, tout s’est enchaîné très vite. Mon compagnon ne pouvant rentrer dans le service, suite aux mesures liées au Covid, me voici seule face au monitoring, qui n’inquiète personne, ce qui me soulage. Ce n’était que de courte durée, quelques heures plus tard, examen gynécologique et tout bascule après une phrase : «  vous êtes à 6cm ». Impossible, pas à 6 mois de grossesse. Je ne suis pas prête, nous ne sommes pas prêts et pourtant Gaspard, lui, semble prêt ! 

La peur nous envahit pendant quelques minutes  et puis les questions, est-ce qu’il va vivre? Comment va-t-il être lorsqu’il sortira ? Comment on va faire ? Nous ne sommes pas prêts à être parents à 6 mois de grossesse, qui est prêt à cela ? Et puis, arriver pour son accouchement avec son sac à main au lieu du sac de maternité (que je n’avais d’ailleurs pas encore eu l’occasion d’acheter), ce n’est pas ce qui était prévu !

Une infection a déclenché l’accouchement et désormais, un long parcours débute. 

21:16 : Gaspard pointe le bout de son nez et crie ! Le soulagement, il est vivant. Je ne le remercierai jamais assez pour ce premier cri, ce premier signe qui nous montrait qu’il fallait y croire et qu’il y arriverait. Petit lion. 

Afin de vous raconter la suite, je poursuivrai en m’adressant à lui. 

Quelques secondes en peau à peau avec toi, je dis quelques secondes mais je pense que ce n’était en réalité, qu’une seconde. Papa coupe le cordon et tu es parti avec le personnel soignant. Notre super gynéco nous montre une photo de toi, tu sembles si fort déjà du haut de ton kilo 295 et tes 39 cm. 

Deux heures plus tard, tu reviens dans ta couveuse avec un médecin et une infirmière de l’hôpital où tu es prêt à être transféré, plus d’une heure de route vont nous séparer alors que nous ne nous sommes pas encore fait de câlins. L’infirmiere qui est avec toi est pleine d’énergie et de bonne humeur, elle est merveilleuse et je suis confiante que tu partes avec elle en ambulance. Elle paraissait rigolote avec son sac sur le dos qui pesait une tonne ! Quoi qu’il se passe durant le trajet, j’ai senti qu’elle serait là et qu’elle ne lâcherait rien. 

Après ton transfert vers cet hôpital, je me suis toujours dit, que le plus difficile était de se retrouver dans cette chambre de maternité sans toi, sans pleurs, sans biberon, le vide. Nous étions deux parents, seuls sans notre enfant avec pour seul réconfort, le numéro du service pour prendre de tes nouvelles. 

Le lendemain, l’aventure au sein du service de néonatalogie débutait et cela, durant exactement 100 jours. 

« Bonjour, c’est les parents de Gaspard » , répétée pendant 100 matins à l’interphone et 200 fois au téléphone, si pas plus ! 

Deux infections, deux opérations, des mauvaises nouvelles, des questions et encore des questions, des heures de sommeil manquées, la peur des médecins qui entrent dans la chambre, la mort si proche de nous mais surtout la vie. C’est ce que nous retiendrons, surtout la vie, la force de vivre et l’amour. Nous sommes passés par des moments très difficiles, notre moral a été bas quelques fois et on doit pouvoir accepter cela aussi. Est-ce qu’on peut s’en vouloir de ne pas y croire durant quelques instants lorsque les mauvaises nouvelles s’accumulent et que les nuits ne durent que 4/5 heures. On doit pouvoir se laisser le droit de baisser les bras et de ne pas culpabiliser pour cela. Le lendemain est un autre jour, et Gaspard nous a prouvé plus d’une fois que la vie continuerait. Nous nous accordions le droit de craquer mais nous nous sommes surtout promis de continuer pour toi, avec toi ! 

Nous ne sommes jamais prêts à être confrontés au monde hospitalier. Ton papa son truc à lui,  c’est de poser une chaudière, moi d’accompagner les familles. Donc, en plus d’apprendre à être parents, on apprend à connaître les machines qui t’entourent, à gérer notre stress quand l’une d’elles commence à sonner ! Mais on apprend aussi tout un nouveau vocabulaire médical, une nouvelle vie.

Nous devinions les émotions des infirmières et des médecins à travers leurs yeux, ils ne devaient pas parler, on savait si Gaspard allait bien rien qu’en jetant un œil dans leur regard. Et lorsque ce n’était pas un bon jour, on se replongeait dans ces yeux-là pour y trouver du réconfort. 

Nos familles et amis ont eu un rôle très important également dans l’histoire de Gaspard. Leurs encouragements et leurs attentions nous ont permis de l’aider lui un peu plus chaque jour. Il a été nourri d’amour et c’est bien plus nourrissant que ce que la sonde gastrique lui apportait. Mille mercis encore et encore. 

 Nous y avons cru chaque jour, nous lui avons parlé, lu des histoires, lu les mots des personnes qui lui en adressaient, aménagé sa chambre d’hôpital, décrit sa famille, sa maison en détails,  on lui a dit ce qu’on avait sur le cœur, on lui a écrit une citation chaque jour sur son tableau dans la chambre. La plus belle était celle-ci : « La vie est remplie d’épreuves terribles, mais aussi de rencontres et de choses merveilleuses qui nous invitent à espérer. Espérer le meilleur sans perdre la lucidité du pire, c’est une intime sagesse ». 

Je disais toujours à Gaspard avant de partir de l’hôpital ou avant un acte médical ceci :  « Tout ira bien, bats-toi pour venir courir dans le jardin avec papa et maman ».  Ne me demandez pas pourquoi, je n’aime pas courir mais avec lui ce sera différent c’est sûr ! 

Gaspard parlait avec les yeux, il comprenait chaque mot qui sortait de notre bouche, j’en suis persuadée. 

Nous avons également compté chaque jour sur les infirmières du service qui ont été bien plus que cela, la première famille de Gaspard. Elles nous ont aidées à vivre elles aussi ce parcours de manière plus sereine. Elles nous ont pris dans les bras, elles nous ont fait rire, elles ont cru en nous et en Gaspard, elles nous ont touché pour toujours. Nous ne les remercierons jamais assez. 

Aujourd’hui, Gaspard a 8 mois en âge réel et 5 mois en âge corrigé. C’est un petit garçon plein de vie et souriant, qui raconte au quotidien  ! 

Aux parents qui lisent notre histoire, Croyez en vous, croyez en eux. 

“J’ignore si la vie est plus grande que la mort mais l’amour l’est plus que les deux.” Tristan et Yseult. 

Aux soignants qui la lisent également, continuez à soutenir les familles comme vous le faites et à prendre soin de nos enfants, comme si c’était les vôtres.  La bonne distance professionnelle c’est ce qui est conseillé, la proximité, c’est ce qui nous a le plus aidé.

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