Connaissez-vous le peau à peau, ses bienfaits pour votre bébé, et pour vous-mêmes ? Loin d’être une pratique ésotérique ou alternative, elle est aujourd’hui largement reconnue scientifiquement, recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé, et proposée dans de nombreux hôpitaux.
Vous découvrirez dans cet article en quoi cela consiste, l’origine de la méthode, les preuves scientifiques de ses bienfaits et notre partage d’expérience, qui vous aidera nous l’espérons à mettre en place votre propre routine.
Nous ne sommes pas médecins ni psychologues. Cet article ne doit en aucun cas être considéré comme un avis médical.Toute question médicale doit être posée à un médecin.
Le peau à peau, késako ?
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit le peau à peau comme “le portage d’un enfant, en position ventrale, vêtu uniquement d’une couche et d’un bonnet entre les seins de sa mère ou contre le torse du père, strictement peau contre peau”.
Il fait partie de la “méthode mère-kangourou”, conseillée par l’OMS et mise en place au sein de nombreux hôpitaux (comme aux CHU d’Avignon ou de Montréal par exemple).
Si cette méthode a initialement été conçue pour les bébés nés prématurément ou de faible poids, elle a bien sûr tout son sens également pour les bébés nés à terme ou d’un bon poids.
La méthode Kangourou a été développée en 1978 à Bogota, en Colombie, initialement pour faire face au manque de matériel et de personnel soignant, aux tristes conséquences : infections, allongement des durées d’hospitalisation et surmortalité infantiles.
Les équipes médicales à l’origine de cette méthode se sont inspirées des marsupiaux, chez qui la mère joue le rôle de couveuse jusqu’à ce que le bébé soit mature.
La méthode Kangourou comprend trois composantes : le peau à peau – possible 24h/24 et 7j/7, l’allaitement maternel, et une sortie précoce de l’hôpital en cas d’hospitalisation à la naissance – comme c’est le cas pour les prématurés.
Des ajustements sont bien sûr fréquents et nécessaires, que ce soit par contrainte médicale, ou en fonction des souhaits des parents. Dans notre cas, nous pratiquions 3 à 5h (le record du service 😉 ) de peau à peau quotidiens en néonatologie – exception faite des jours où notre fils était trop fatigué, l’équipe médicale nous recommandant alors de le laisser se reposer dans sa couveuse. L’allaitement était mixte, voire exclusivement au biberon. Nous alternions, 1 jour Maman, 1 jour Papa, avec quelques bonus en fonction de la forme de notre fils 🙂 Des bienfaits indiscutables ont été visibles – pour notre fils comme pour nous !
La méthode ayant démontré son intérêt, de nombreux pays s’en sont inspirés à partir des années 1990, et des unités Kangourou (ou unités mère-enfant) se sont ouvertes dans plusieurs dizaines de Pays.
Peut-être ces unités seront-elles un jour renommées unités parents-enfants, afin que le père s’y sente lui aussi tout à fait à sa place 😉
En France, la première unité s’est ouverte à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart en 1987, où il se trouve que notre fils est né !
Les bienfaits du peau à peau
Plusieurs études en ont démontré les bienfaits pour la santé et le développement du nourrisson.
Le peau à peau a un impact bénéfique sur le développement cérébral, sur le stress et la douleur
D’après une étude de 2016, “le contact parental étroit et le contact humain ont un effet tampon sur la réactivité au stress du nourrisson et stimulent un développement plus rapide”. Concrètement, le peau à peau diminue le taux de cortisol dans l’organisme, et protège le cerveau des nourrissons des effets nocifs du stress.
D’autres études ont montré qu’il permettait de réduire la douleur chez les nouveaux-nés prématurés et de favoriser le développement cérébral.
La société française de néonatologie note également que :
- “Des effets positifs du peau à peau sont décrits sur les paramètres physiologiques que sont la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire et la saturation”.
- “Le peau à peau a des effets positifs sur la quantité et la qualité du sommeil avec une maturation à terme de meilleure qualité lorsque l’enfant a été tenu régulièrement en peau à peau”.
- “Le peau à peau, pratiqué avant, pendant et après un geste douloureux réduit les manifestations comportementales de douleur chez le nouveau-né prématuré et à terme. Il facilite la période de récupération”.
- “Des effets ont été mis en évidence sur le plan cognitif mais aussi sur les interactions mère (père)-bébé dont on appréhende de mieux en mieux les liens avec le développement cognitif. Le peau à peau a des effets positifs sur l’attachement et les interactions parents-bébés”.
Terminons ce paragraphe par une conclusion qui nous tient particulièrement à coeur étant donné notre vision de la parentalité : “Ces effets sont comparables si le peau à peau est réalisé avec la mère ou le père”, selon la société française de néonatologie.
Comment faire du peau à peau ?
Le peau à peau à l’hôpital
Lorsque le bébé est hospitalisé en unité de néonatologie, ou en unité kangourou / mère-enfants, les protocoles dépendent de l’hôpital et des équipes soignantes. En ce qui nous concerne, nous prenions notre fils au moins une fois par jour, allongés sur un transat, après les soins et après qu’il ait mangé ou pendant qu’il était alimenté (lorsqu’il était suffisamment en forme). Il était alors en couche, lové contre notre poitrine, à l’intérieur d’un bandeau que nous enfilions au préalable. Il dormait la majeure partie de la session, qui se terminait quelques heures plus tard lorsque la faim le réveillait, où que les soins devenaient nécessaires (notamment lorsqu’un délicat fumet se dégageait de sa couche !).
Ces sessions quotidiennes ont constitué des moments intenses, magiques et hors du temps qui nous ont permis de construire une relation extrêmement forte avec notre fils, malgré un contexte parfois compliqué.
Dans la plupart des maternités aujourd’hui, lorsque tout va bien pour le bébé, il est positionné dès la naissance sur la poitrine de la maman. Le papa peut quant à lui le prendre un peu plus tard, dans les jours suivants ou quand il le souhaite. Le peau à peau conserve alors tous ses bénéfices physiologiques, tout en permettant la création du lien et de l’attachement parent / enfant !
Le peau à peau chez soi
Nous avons bien sûr continué les sessions de peau à peau à notre retour à la maison, en les adaptant à nos nouvelles habitudes – et contraintes – de parents :
- Les sessions de peau à peau ont continué quotidiennement, puis de manière plus espacée. Elles ont constitué une source d’apaisement lorsque notre fils était énervé, tout en nous permettant de partager de superbes moments de complicité !
- Nous nous sommes parfois écartés des protocoles trop stricts : notre bébé n’était pas nécessairement en couche uniquement, mais aussi habillé en body ou en pyjama. Nous veillions bien sûr à ce qu’il n’ait ni trop chaud ni trop froid.
- Nous avons décidé de porter notre bébé en écharpe, ce qui nous semblait dans la continuité du peau à peau. L’écharpe de portage lui permet en effet de retrouver la position foetale, la chaleur et les limites rassurantes qu’il percevait dans le ventre de sa mère. Une fois la technique de nouage maîtrisée – certes quelque peu complexe au démarrage – et la crainte de mal positionner notre bébé dépassée, le portage a représenté une solution miracle. Lorsque nous le calions tout contre nous, au chaud à l’intérieur de l’écharpe, notre fils se calmait presque instantanément. Il s’endormait alors souvent pour de longues heures : joie d’un câlin prolongé, profondément serein et rassérénant, tout en ayant les mains libres pour vaquer à nos occupations ! L’écharpe de portage a constitué LA solution pour prendre soin de notre fils et partager de superbes moments avec lui tout en retrouvant du temps pour faire des choses !
- Déjà à l’hôpital, puis à la maison, nous avons profité de ces moments de sérénité pour faire écouter des morceaux de musiques particuliers, selon un protocole que nous vous partageons dans notre article Comment la musique peut apaiser votre bébé
Nous avons utilisé pendant de nombreux mois l’écharpe love radius, que nous recommandons sans hésiter. Elle existe en deux versions, “basic” et “original”. Nous avons utilisé la version “original”, plus longue, qui s’adapte mieux aux papas. Pour apprendre à nouer votre écharpe de portage, vous pouvez regarder les deux tutoriels indiqués en dessous de l’article. Ce sont les tutoriels que nous avons nous-mêmes utilisés pour apprendre à utiliser l’écharpe, sur les conseils de l’équipe soignante.
Et vous, avez-vous pratiqué le peau à peau et le portage ? Qu’en pensez-vous ?
Sources et ressources :
- Société française de néonatologie / Recommandations pour le portage en peau à peau https://f4ed7074-25ed-461c-8cf3-ddd4393f43e2.filesusr.com/ugd/d8ff38_1a026d5329a04d92b27e683a6c055319.pdf
- Page et ebook de l’OMS dédiés à la méthode Kangourou : https://www.who.int/maternal_child_adolescent/documents/9241590351/fr/
- Peau à peau, stress et développement cérébral : Mörelius E, Örtenstrand A, Theodorsson E, Frostell A. OC09 – Early maternal contact has an impact on preterm infants’ brain systems that manage stress. Nurs Child Young People. 2016;28(4):62-63. doi:10.7748/ncyp.28.4.62.s40
- Rapport du Groupe de Réflexion et d’Evaluation de l’Environnement des Nouveau-nés de la Société française de néonatologie : https://f4ed7074-25ed-461c-8cf3-ddd4393f43e2.filesusr.com/ugd/d8ff38_1a026d5329a04d92b27e683a6c055319.pdf
- Tutoriel écharpe de portage n°1 : https://youtu.be/eqM6cAdk6Gk
- Tutoriel écharpe de portage n°2 : https://youtu.be/10zipaWDYtI
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