Lorsque nous devenons parents, nous cherchons instinctivement à protéger nos enfants. Et ce comportement a bien sûr une résonance particulière dans le cadre de la prématurité. Après une période d’hospitalisation, le retour à la maison se teinte de la crainte de ne pas savoir faire, la peur des microbes et d’un possible retour à l’hôpital. Ces angoisses ne faiblissent pas à l’approche de l’hiver avec le risque de bronchiolite et face à la saturation des hôpitaux. Pourtant, vous avez dû le remarquer, nos enfants prématurés sont de véritables costauds, pleins de force et de joie de vivre. Certes, il est essentiel de protéger son tout-petit et d’être présent à ses côtés, néanmoins il ne faut pas l’empêcher de se développer et d’avoir des interactions avec les autres enfants, si les recommandations médicales le permettent. Alors, comment se positionner pour éviter la surprotection de son bébé prématuré ? Nous essayons de répondre à ce questionnement dans cet article.

Surprotection de mon bébé prématuré : est-ce nécessaire ?

Nous ne sommes ni médecins ni psychologues, nos contenus ne doivent pas être considérés comme des avis médicaux. Pour toute question médicale, consultez un professionnel de santé.

La surprotection du bébé prématuré : une réaction naturelle liée à l’expérience

Qu’en pensez-vous ?

Comment avez-vous réagi au retour à la maison de votre bébé prématuré ? Nous avons interrogé la communauté Petit mais Costaud sur les réseaux sociaux, afin de savoir si les parents de petit·e·s costauds avaient le sentiment d’avoir surprotégé leur bébé et s’ils réagiraient de la même manière avec du recul.

Voici quelques-unes des réponses que nous avons reçues : 

« Né en hiver, j’ai eu du mal à sortir avec bébé. J’ai acheté combi, plaids et bouillotte 😅 »

« Aucun lieu public, même extérieur, si bondé de monde ! Pas de bisous, sauf famille, couvert +++ »

« Une coupure sociale. Limiter les soirées, voire les supprimer »

« Nous avons beaucoup limité les contacts avec d’autres gens, nous ne l’avons laissée que tard aux grands-parents… Elle est restée longtemps dormir dans notre chambre. »

La majorité des parents s’orientent vers une modération du contact vers l’extérieur et une surprotection de leur bébé prématuré dans ses premiers temps de vie. 

Comment éviter de surprotéger mon bébé prématuré ?

Où est la limite ?

Vous venez de rentrer à la maison avec votre bébé et, enfin, vous pouvez envisager un retour à la « vie normale ». Bien que ce moment soit tant attendu pendant l’hospitalisation, les premiers jours peuvent vite s’avérer déconcertants tant les repères manquent. L’absence de l’équipe soignante et du matériel médical apporte son lot d’inquiétudes : que se passera-t-il si quelque chose ne va pas ?

En plus de cet environnement à appréhender, il se peut que votre enfant modifie son comportement alimentaire, parvienne difficilement à s’endormir ou pleure de manière inhabituelle. Dès lors, les questions s’enchaînent : « est-ce qu’il·elle respire bien ? », « faut-il le réveiller ou attendre pour qu’il·elle mange ? », « n’a-t-il pas trop chaud ? »…

Toutes ces questions sont d’autant plus déstabilisantes qu’elles portent le poids de l’expérience passée. Se détacher de l’hospitalisation et des mois que vous venez de vivre est très difficile, parfois impossible. C’est vrai, vous aurez besoin de suivre des recommandations particulières dues à l’historique médical de votre petit·e costaud.

Néanmoins, cela ne signifie pas qu’il·elle devra être placé sous cloche, sauf avis médical contraire bien sûr. D’autant plus que le suivi de votre petit·e costaud dans les réseaux de périnatalité va permettre de surveiller son développement et d’agir s’il y avait quoi que ce soit d’alarmant. Ainsi, vous devrez désormais apprendre à vous faire confiance en tant que parents, vous êtes les mieux placés pour décoder les besoins de votre bébé et y répondre. 

Face à la prématurité, les médecins ne prennent aucun risque et ils n’auraient jamais autorisé le retour à la maison si ce départ présentait un danger pour la santé de votre bébé. Le Dr Jean-François Magny, pédiatre néonatologiste, ancien chef de service Pédiatrie et Réanimation néonatales, CHU Necker-Enfants Malades recommande dans le Guide des parents de l’association SOS Préma :

« Observez avec lui le même bon sens et la même prudence que s’il venait de naître à terme et que vous sortiez de la maternité. »

Vivre avec un préma : prudence et bon sens au quotidien.

Vivre avec un préma : prudence et bon sens au quotidien

Au quotidien, les règles sanitaires n’ont pas à être aussi strictes qu’à l’hôpital puisque vous en êtes sorti (sauf indications particulières des équipes soignantes). L’idée est plutôt de traiter votre bébé comme un nouveau-né « à terme », et de suivre les recommandations des professionnels de santé concernés. 

De ce fait, au cours des premières semaines vous pouvez appliquer des recommandations sanitaires en vigueur lors de la naissance d’un nouveau-né :

  • évitez les sorties lorsque les conditions climatiques ne s’y prêtent pas (fortes chaleurs, chute de neige, rafale de vent, pluie, etc.) ;
  • privilégiez les balades dans des endroits peu fréquentés où les virus ont moins de chance de se propager (évitez le métro aux heures de pointe, les supermarchés ou les magasins en période de forte affluence, etc.) ;
  • évitez le contact avec des personnes malades, même s’il s’agit d’un simple rhume ;
  • demandez à votre entourage de respecter les règles d’hygiène données à l’hôpital (votre bébé ne sera touché que lorsque vous le déciderez) ;
  • limitez la surstimulation.

Par ailleurs, vous aurez peut-être des directives particulières liées au parcours hospitalier de votre petit.e costaud. En cas de doute, référez-vous toujours au médecin chargé du suivi de votre nouveau-né prématuré. Laure nous partage son expérience :

« Pendant sa première année, nous ne pouvions pas mettre notre petit costaud en collectivité, en crèche par exemple, du fait de la fragilité de ses poumons. Grâce à l’Allocation journalière de présence parentale (AJPP), nous avons pu bénéficier d’une aide financière pour nous occuper de notre enfant avant qu’il puisse être gardé. Nous avons ensuite trouvé une garde partagée à domicile avec un autre bébé de son âge (nous avons eu beaucoup de chance, il s’agissait de la fille d’un couple d’amis !). Il a ainsi pu évoluer avec un autre enfant, avoir des interactions, tout en limitant le risque de contamination. »

Le suivi médical : le repère pour éviter la surprotection de votre bébé prématuré.

Le suivi médical de votre bébé prématuré : le repère pour éviter la surprotection

Vous venez de quitter l’hôpital, néanmoins les relations avec les soignants ne se terminent pas avec la fin du séjour. Dans les premiers temps, vous pouvez téléphoner au service hospitalier où se trouvait votre enfant pour demander des conseils. Vous avez également la possibilité de vous adresser à votre pédiatre, au CAMSP qui suivra votre bébé ou au centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI) le plus proche de votre domicile. 

Laure, Gaël et leur petit costaud sont sortis du service de néonatalogie au moment des fêtes :

« Nous avions prévu de passer Noël en famille, il y avait donc des enfants, notamment des petits avec des rhumes. Pour nous orienter, nous avions demandé conseil au pédiatre référent de notre fils et nous avons suivi ses recommandations, qui étaient adaptées au parcours de notre bébé. »

Les enfants nés prématurément présentent une fragilité et une sensibilité, les premières années de leur vie, qui les exposent plus facilement aux agressions extérieures, notamment aux infections. Pour les protéger, il n’est pas toujours nécessaire de les mettre dans une bulle (si ce n’est pour nous rassurer en tant que parents), cependant il est essentiel d’assurer un suivi spécifique au cours de la petite enfance par un médecin ou une structure ayant des compétences particulières dans le développement d’un nouveau-né prématuré comme le CAMSP

Depuis le 1er janvier 2018, 11 vaccins sont obligatoires pour tous les enfants, nés prématurément ou non. En plus de ces obligations, il est recommandé d’effectuer celui contre la grippe au cours des deux premiers hivers, notamment si votre bébé présente une détresse respiratoire néonatale ou une dysplasie broncho-pulmonaire. Pour plus de détails, nous vous conseillons de demander l’avis médical de votre praticien référent sur ce sujet. 

En plus de ce soutien médical, vous pouvez également consulter un·e accompagnant·e périnatal·e pour vous aider dans la transition de l’hôpital à la maison ou un·e psychologue pour vous soutenir dans une phase douloureuse. Vous retrouverez dans cet article tous les accompagnements des parents après la néonatalogie.

Être présent pour son enfant et prendre des précautions pour le protéger aura toujours un impact positif, tant que ce comportement ne devient pas excessif. Après la pandémie du Covid-19, nous avons tous constaté les conséquences d’un quotidien isolé sur nos systèmes immunitaires, notre environnement social et notre stabilité psychologique. Pour garantir le bon développement de votre nouveau-né, mais aussi afin de ne pas ruminer vos doutes et vos angoisses, vous pouvez vous référer à votre service de néonatalogie ou à des personnes-ressources (pédiatre, PMI, associations, réseau de périnatalité, etc.). La consultation de ces professionnels de santé vous permettra d’obtenir des indications claires sur les pratiques à éviter et celles qui ne présentent pas de dangers pour votre petit·e costaud. Pour vous accompagner pendant cette période charnière du retour à la maison, nous avons consacré un chapitre complet à ce sujet dans notre guide pour les parents de bébés prématurés

Et vous, comment avez-vous réagi lorsque votre petit·e costaud a quitté le service de néonatalogie ? Si vous le souhaitez, vous pouvez nous partager votre histoire sur notre page contact, en message privé sur nos réseaux sociaux (Facebook et Instagram) ou dans les commentaires de cet article.

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