Le portage est une pratique aux multiples bienfaits, autant pour les parents que pour leur enfant. Cette technique simple et confortable consiste à porter son bébé contre soi en position verticale à l’aide d’un porte-bébé ou d’une écharpe. Ainsi, le portage maintient le contact physique avec son bébé tout en offrant une certaine liberté de mouvement. Comment mettre en place cette technique, quel accessoire choisir et comment pratiquer sans danger ? Pour mieux en comprendre tout l’intérêt, nous sommes allés à la rencontre de Sandra, psychomotricienne dans les services de réanimation néonatale de l’hôpital Béclère et monitrice de portage. Nous abordons l’origine de cette pratique, les avantages qu’elle procure, les règles de sécurité à respecter et les types de portage existants.

Comment et pourquoi pratiquer le portage avec son bébé ?

Si vous souhaitez découvrir le parcours de Sandra et de nombreux conseils sur la psychomotricité, vous pouvez consulter notre précédente interview.

Sommaire

Pour commencer, est-ce que vous pourriez définir ce qu’est le portage et quelle est son origine ?

Sandra : Le portage, le plus souvent associé au terme physiologique, fait référence aux différentes techniques et aux différents outils qui sont utilisés afin de porter le bébé ou l’enfant tout en respectant sa posture naturelle et sa morphologie en fonction de son âge, de sa tonicité et de son éveil. Il s’agit d’un portage ergonomique qui s’adapte à l’enfant, et non le contraire. 

Le portage a toujours existé au travers des âges et des cultures. Dès que l’homme a marché, le besoin de porter les bébés s’est fait sentir avec les moyens du lieu et du milieu. Ce besoin était finalement peu différencié de celui de porter les objets ou les outils du quotidien. Le portage répondait aussi à la nécessité de protéger le petit du froid et des prédateurs, de privilégier l’allaitement

Il y a des traces de portage dans la Grèce antique et en Égypte. Au Moyen Âge les bébés étaient plus allaités et portés que dans d’autres périodes de l’histoire. Avec l’apparition des nourrices après le moyen-âge, de l’industrialisation, de l’hygiénisme, des nouvelles recommandations des pédiatres et du développement du travail des femmes, le maternage proximal recule. 

Dans les années 70, des travaux et des études sont menés par des pédiatres qui commencent à s’intéresser au comportement de l’enfant. Les bébés sont alors considérés comme des personnes dont les besoins sont mieux connus et pris en compte. 

Les premières écharpes de portage occidentales vont apparaître en Allemagne dans les années 70 alors que le portage traditionnel, lui, s’était poursuivi dans d’autres cultures, en Amérique du Sud, chez les populations inuites en Afrique, au travers de différentes installations et de différents outils, ça peut être dans des tissus, des berceaux rigides, des vêtements, etc.

L’un des bienfaits du portage va donc être lié à l’allaitement, mais plus largement quels sont les bienfaits du portage pour les bébés, et plus spécifiquement pour les bébés prématurés, est-ce qu’il y a une particularité pour ces bébés-là ?

Sandra : Tout d’abord le portage va répondre au besoin de chaleur, de nourriture et de protection du bébé. Le portage à bras ou en écharpe, proposé fréquemment, va permettre au bébé de vivre des expériences positives, bienveillantes et dans le bien-être qui sont complètement nécessaires à son développement et à l’émergence de ses compétences. 

Au travers des réponses adaptées du parent, favorisées par cette proximité du portage, le portage va participer au processus d’attachement : le bébé identifie sa base de sécurité. 

Bien noter qu’un bébé porté même de façon régulière, longue et répétée, ne devient pas un bébé qui s’habitue au portage ou qui deviendra capricieux, c’est un petit peu des choses qu’on entend encore beaucoup.

Laure : Oui ! Les grands-parents notamment…

Sandra : Voilà ! Les parents me disent « je ne sais pas qui a dit qu’il ne fallait surtout pas trop porter son bébé parce qu’il allait s’habituer », mais pas du tout ! Tout bébé est programmé pour devenir autonome et indépendant. Jamais on ne voit un grand bambin toujours dans les bras de papa, de maman. 

En fait, le portage va être un moyen d’apporter confiance et sécurité par cette proximité corporelle qui est proposée, mais aussi par la disponibilité du parent et la réponse que le parent va apporter aux besoins de l’enfant. Rassuré dans la fiabilité que l’enfant va trouver auprès de cette figure d’attachement : je manifeste mon inquiétude, mon inconfort, mon stress, je suis entendu et mon parent me répond, l’enfant va pouvoir développer son sentiment de confiance et de sécurité interne qui seront ensuite ses outils pour partir à la découverte du monde qui l’entoure. Déjà, nous avons un premier bienfait autour de l’attachement et de la sécurité.

Technique du portage : comment l'appliquer à la maison ?

Quand on évoque le fait d’entrer en relation avec son bébé, parfois cela paraît compliqué avec un petit bébé préma, parfois même pour certains parents d’un bébé né à terme. Au final, le portage peut aussi être un moyen de créer ce lien avec son enfant ?

Sandra : C’est ça, pouvoir aussi faire connaissance avec son enfant et être complètement dans l’observation de ce que l’enfant va montrer et pouvoir répondre au mieux à ses besoins. 

Les autres bienfaits que va pouvoir apporter le portage vont être au niveau physiologique 

  • la régulation de la température ; 
  • le taux de sucre dans le sang, particulièrement important pour les bébés fragiles ou un peu plus vulnérables ; 
  • une meilleure digestion pour les bébés qui ont des coliques, des reflux, par l’effet de massage contre le ventre du parent et de la position verticale ;
  • une satisfaction des besoins de succions par une facilité d’accès au sein ; 
  • une aide au sommeil pour les bébés qui sont un peu agités et ont du mal à trouver le sommeil ; 
  • une aide au rythme jour/nuit parce que l’enfant va pouvoir participer aux activités quotidiennes dans le portage. 

Ensuite, nous avons un bienfait au niveau du développement psychomoteur du bébé. Porté, le bébé bouge au gré du mouvement du porteur, il va ressentir, vivre de multiples sensations en continuité de son expérience prénatale. Il va sentir les vibrations du parent, les balancements par les déplacements, les odeurs, il va jouer aussi un peu avec les lumières, mais c’est surtout le système vestibulaire qui va être stimulé. 

Le système vestibulaire correspond à tout ce qui va faire appel aux mouvements, aux changements de positions. La stimulation de ce système va permettre au bébé de s’adapter aux déséquilibres et de solliciter en retour son adaptation tonique et posturale, cela va lui permettre de s’adapter au mieux dans ses sensations corporelles internes et de pouvoir développer toutes ces compétences-là. 

Ensuite, nous avons des bienfaits au niveau du développement socioaffectif et du langage puisque le bébé va s’imprégner de la culture en participant aux conversations, à la vie familiale. En étant porté, cela lui permet d’observer les relations humaines, d’observer toutes les interactions sociales de son parent. L’apprentissage du langage et des sons se fait aussi par l’observation et l’écoute des modulations du langage, la voix, les intonations, du porteur, de par la proximité proche du visage du parent. 

Pour soutenir au mieux la croissance et le développement de l’enfant, il est important de veiller à protéger son cerveau immature, et encore plus celui des bébés prématurés

La naissance prématurée, l’environnement des services de néonatologie mettent les bébés en position de vulnérabilité puisqu’ils sont soumis à des stimulations très intenses. Le bébé peut avoir du mal à filtrer, à gérer et à s’organiser au mieux de son niveau corporel, dans sa motricité et dans ses possibilités. 

Les bébés ont besoin d’être et de se sentir en relation. Ils ont besoin de se sentir protégés des situations de stress, de danger et d’isolement. Le portage va permettre de participer à cette maturation neurologique, à cette maturation cérébrale, tout en assurant cet équilibre dont le bébé a besoin. 

Les bras deviennent finalement le lieu idéal pour suivre la croissance pour tous les bébés, mais peut-être encore plus pour les bébés qui sont nés prématurés parce qu’il y a un parcours d’hospitalisation souvent long. 

La séparation parents/bébés qui est quand même assez fréquente, malgré l’amélioration des services hospitaliers, le vécu des parents, le vécu du bébé dans ce contexte bouleversant de la prématurité sont autant de raisons qui vont motiver certains parents à vouloir recréer du lien proximal avec leurs enfants. 

Le portage devient alors très sécurisant pour l’enfant qui lui a vécu de nombreuses expériences physiques difficiles, voire douloureuses. Dans ce cadre, il peut revivre le contact tactile comme rassurant. Ses sensations et son vécu sont modifiés sur un mode agréable et sur un mode de détente en contrepartie des expériences plus compliquées qu’il va vivre ou qu’il a été amené à vivre. 

Pour le parent, cela va permettre de poursuivre la rencontre avec le bébé, de prolonger ces temps de proximité, dans la continuité des peau à peau aussi qui sont proposés sur les temps d’hospitalisation. 

Le portage, comme on le disait tout à l’heure, constitue un très beau soutien des compétences parentales. De par cette proximité, le parent va vraiment pouvoir être dans l’observation du bébé. Finalement, c’est ça qui va être le plus important dans un premier temps, plus que la technique du portage ou la façon dont le bébé va être installé. 

À travers cette proximité et par ces retrouvailles corporelles, les parents pourront être dans l’observation directe de leur bébé et comprendre ce qui se passe pour lui. Sachant que cette observation et cette compréhension sont souvent mises à mal par l’environnement hospitalier et les soins. D’où l’idée de pouvoir proposer des outils et des techniques très simples et très légers dans les services de néonatologie ou de réanimation, qui vont pouvoir être adaptés aux prématurés, qui sont les plus petits poids, mais aussi qui vont être adaptés aux besoins du parent et à là aussi où peut en être le parent par rapport à tout ce qu’il aura pu vivre dans l’hospitalisation. 

Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup d’informations qui sont données, les parents ne sont pas toujours complètement disponibles face à toutes ces informations disponibles, d’où l’importance de passer par des choses très simples où on va juste encourager cette proximité, cette observation. 

Laure : Je me souviens que, justement, quand nous étions passés dans la pédiatrie néonatale, vous nous aviez montré la technique du portage pour notre fils. Au début, c’était un petit peu compliqué à mettre en place parce qu’on a toujours peur de mal faire ou de lui faire mal, mais une fois qu’il était installé, je me souviens qu’on se baladait beaucoup dans la néonat’ avec notre fils en écharpe, aussi bien Gaël que moi. 

En fait, cela nous permettait de sentir que nous pouvions nous occuper un peu plus de notre enfant et donc prendre progressivement notre place de parents. Quand nous sentions qu’il avait mal au ventre, on arrivait à jouer un peu sur ces douleurs-là. 

Le portage permettait aussi d’avoir une vie en dehors de cette chambre de la pédiatrie néonatale et de se dire : nous pouvons nous balader avec lui. Nous avions alors le sentiment d’avoir un début de vie de parents plus « normal » qui commençait et c’était vraiment agréable. Nous pouvions aussi avoir plus d’interactions parce que, comme vous le disiez, on pouvait le regarder, sans avoir peur de le faire tomber, en se sentant plus sécurisé.

Sandra : C’est totalement ça. Les parents me disent souvent : « ça donne un sentiment de liberté » et ce retour est hyper précieux après tout ce temps où, finalement, les parents sont très dépendants des soins, de l’équipe soignante, de toutes les consignes médicales. Le bébé branché et il y a beaucoup de choses qui sont très entravantes. Pouvoir porter son bébé, d’autant plus quand il y a la possibilité de le déscoper et de le sortir de la chambre, ça donne un sentiment de liberté, d’autonomie. Et puis, pouvoir sortir un petit peu du cadre de la chambre, ça fait du bien !

Laure : Ça fait du bien, exactement ! Je découvre quand même des bienfaits du portage que je n’imaginais pas. C’est vrai qu’on envisage facilement le côté rassurant, mais en ce qui concerne le développement futur du langage, la motricité ou l’équilibre, on ne se rend pas compte de tous les bienfaits que le portage a en parallèle.

Quels sont les bienfaits du portage ?

Vous parliez de l’aspect psychomotricité, le portage va donc avoir des bénéfices du point de vue de la motricité du bébé ?

Sandra : Le portage est aussi et surtout, dans un premier temps, le moyen de protéger au mieux le développement du dos et des hanches du bébé

Le dos des nouveau-nés est très fragile parce qu’il n’est pas encore musclé, il ne peut pas assurer son rôle d’amortisseur au niveau des vertèbres, la structure osseuse de la colonne vertébrale est inachevée et donc l’écharpe va être plus adaptée, car c’est ce qui va permettre de respecter au mieux le développement et le redressement de la colonne vertébrale. Elle va permettre de conserver l’arrondi du dos en soutenant le dos zone par zone et en absorbant les chocs dans le portage, le choc de la marche du parent par exemple. 

Le dos arrondi est vraiment un gage de sécurité parce que ça va permettre d’écarter les vertèbres et de protéger au mieux les disques intervertébraux. Ensuite, le portage va permettre de bien développer les hanches, qui ne sont pas encore complètement ossifiées et sont encore malléables à la naissance. Pour un développement de la hanche, la position idéale consiste à écarter les jambes à 45°, voire plus, surtout pour les nouveaux-nés. Bon, sans être hyper précis…

Laure : Sans prendre un compas. 

Sandra : En fait, c’est vraiment respecter la largeur, enfin l’écartement des hanches du bébé, sans forcer. Finalement, à peine plus large que le bassin et le mieux, c’est que les genoux soient à hauteur du nombril, plus haut que les fesses. En fait, on est en position accroupie et plus le bébé est petit, plus le bébé devra être en position très accroupie. Cette installation va permettre de protéger le dos des chocs et des pressions. Dans cette position, l’articulation de la hanche va pouvoir continuer de se former normalement. On ne va pas rentrer dans des détails anatomiques, mais au niveau de l’articulation cela permet de creuser au niveau de la hanche et de faire que la hanche se place bien. 

Le portage va participer au bon développement psychomoteur, mais il ne va pas l’accélérer. Il ne faut pas se dire que c’est parce qu’on porte son bébé qu’il va se tenir assis plus tôt, qu’il va marcher plus tôt. 

Le portage est un soutien au développement. Le fait d’être sollicité par les mouvements du porteur va proposer de multiples expériences vestibulaires kinesthésiques, donc autour du mouvement, et les compétences innées d’agrippement, donc le bébé qui s’agrippe, qui cherche à s’accrocher, vont également être très soutenues, tout comme les compétences d’autorégulation, le rassemblement des mains à la bouche, par exemple, vont être facilités. 

Laure : D’accord. Il y a donc beaucoup de bienfaits pour le bébé d’un point de vue développement, au niveau global, pas seulement moteur.

Qu'est-ce que le portage ?

Du point de vue du parent, on a vu tous les bienfaits dans la construction de la relation avec son bébé, le fait de pouvoir bien l’observer et donc de pouvoir répondre peut-être plus rapidement à ses besoins, est-ce qu’il y a d’autres bienfaits qui ont été identifiés pour les parents ?

Sandra : Oui. Le portage va surtout permettre une découverte mutuelle, que le parent puisse découvrir son bébé, développer des liens d’attachement et des possibilités de communication privilégiées. 

L’observation du parent envers le bébé va être plus soutenue, la compréhension de ses besoins est meilleure, les signaux corporels sont mieux décodés, les réponses apportées sont adaptées, ajustées et souvent plus rapides. De ce fait, le bébé rentre peut-être moins dans, pas forcément une désorganisation, mais en tout cas le parent va pouvoir être plus à même de répondre assez rapidement à ce que va manifester le bébé. 

Le fait de voir son bébé apaisé va permettre aux parents d’avoir un sentiment de confiance et donc de pouvoir développer les compétences parentales : je vois que mon bébé ne va pas bien, j’observe, j’apporte une réponse, ça fonctionne, je suis un peu restauré aussi en tant que parent. Cela permet d’avoir ce sentiment de compétence parentale

Pour les mamans, le portage va aussi être un très bon soutien à l’allaitement puisque le contact avec l’enfant va augmenter le taux de prolactine, l’hormone de la lactation. Ce qui est intéressant aussi du côté des papas est que le portage va permettre aux pères de trouver leur place auprès de leur bébé, de vivre une expérience de proximité corporelle. Pour eux qui ne vivent pas l’expérience de la grossesse, le portage permet de retrouver sa place et un peu plus en proximité. 

Ensuite, les avantages vont être d’ordre pratique. La vie continue, surtout s’il y a des frères et des sœurs. La vie quotidienne se poursuit et le portage va permettre de poursuivre ces activités quotidiennes tout en assurant les besoins de proximité du bébé. 

Pour les parents qui ont des enfants plus grands, le portage permet de s’occuper des plus grands, de rester disponible physiquement et psychiquement pour toute la fratrie, de pouvoir répondre aux besoins des uns et des autres. L’écharpe est considérée comme un outil pratique et peu encombrant

C’est quand même plus facile de se déplacer dans les transports parisiens en écharpe qu’en poussette ! Le portage facilite les déplacements et surtout la libération des bras. Le dispositif est assez léger donc ça permet de protéger le porteur des différentes tensions qui peuvent parfois apparaître avec des modes de portage plus lourds ou plus encombrants. 

Avec l’écharpe, le poids est bien réparti, le périnée des mamans est protégé, un aspect important puisque le périnée est encore un peu fragile ou douloureux après l’accouchement. 

Malgré tout, il faut rester assez vigilant dans l’adaptation de ses activités avec le portage. Il faut rester bien conscient de la présence de bébé sur soi. Lorsque l’on se déplace, on est toujours à pied, on ne va pas se promener en trottinette ou en vélo. Il est nécessaire d’adapter ses activités et ses tâches ménagères. 

Le piège avec le portage c’est qu’en se sentant libéré dans ses mouvements, on peut se dire : « je mets le bébé en portage comme ça je vais pouvoir faire mon ménage de la maison à fond. » 

Il ne faut pas oublier que le portage reste un moment de proximité, un moment de partage et de détente. Si l’on est amené à faire des choses à la maison, il vaut mieux adapter les tâches quotidiennes. Par exemple, on fait attention en cuisine, notamment quand il faut cuire des aliments ou lors du passage du balai ou de l’aspirateur et qu’il faut se baisser. On n’oublie pas qu’on a un bébé sur soi. 

Laure : Tout à fait. C’est vrai que le portage a un côté très pratique quand tu es de retour à la maison et que tu veux t’occuper de ton bébé, mais que tu as quand même des choses à faire à la maison, notamment pour la partie cuisine. Je l’avoue, lors des cuissons nous avions trop peur que notre bébé reçoive des projections, on évitait donc de le faire quand il était sur nous. Par contre, tout ce qui est de l’ordre de la préparation culinaire, nous le faisions beaucoup ! 

Parfois, quand il fallait retravailler un minimum, on le gardait sur nous et le portage permettait quand même d’être sur l’ordinateur, c’est un aspect très pratique. Même quand nous étions en famille, tout le monde venait voir le nouveau-né et c’est vrai que ça a un côté rassurant de l’avoir sur soi. Il peut y avoir du monde autour, mais nous pouvons quand même l’apaiser et l’avoir avec nous de manière assez sécurisée. 

Quelle méthode de portage choisir ?

Sandra : Oui et puis ça va permettre au bébé de se réguler. Lors des réunions de famille ou des réunions d’amis, il y a un peu plus de bruit, un peu plus de mouvement, le bébé est assez sollicité et finalement d’être porté, d’être en proximité, ça va toujours permettre au bébé d’avoir cette base de sécurité et aussi, de part le soutien qui va être proposé au niveau postural, de toujours permettre au bébé de retrouver le moyen de se réguler, par la proximité, mais aussi lui par tout ce qu’il va pouvoir mettre en place dans ses possibilités d’autorégulation. 

Laure : Nous avons été complètement adeptes du portage ! Au début, on peut se sentir perdu. Nous, par exemple, ça faisait partie de notre liste de naissance, même si nous avions dû l’envisager plutôt rapidement quand j’ai été hospitalisé, mais on était perdu parce qu’il existe de nombreux types d’accessoires de portage. Initialement, nous étions partis sur un système de bandoulières, nous vous l’avions d’ailleurs montré, vous nous aviez alors plutôt recommandé un système d’écharpe, ce que nous avions conservé.

Parmi les méthodes de portage, il y a des porte-bébés avant, des porte-bébés arrière, est-ce que toi tu as des recommandations par rapport à ça ?

Sandra : L’écharpe reste le meilleur outil de portage parce qu’elle permet un ajustement au plus près de la posture du bébé et de ses besoins de soutien. Quand on démarre, qu’on est novice et qu’on a envie de porter bébé, il y a de quoi s’y perdre ! 

Si nous nous concentrons sur l’écharpe de portage, il existe en fait trois grands types d’écharpes de portage. Tout d’abord, des écharpes tissées qui vont être dans un tissu plutôt épais et pas du tout élastique. Ces écharpes tissées sont plutôt faites pour des serrages zone par zone, bien ajustés au dos du bébé. Il s’agit d’écharpes très soutenantes, elles permettent des nouages et des positions variées qui vont s’adapter à la morphologie et à l’âge de l’enfant. En fonction de l’âge du bébé, il y a de nombreuses variations de portage possibles. 

Ensuite, nous pouvons trouver des écharpes tricotées. Ce type d’écharpe va être extensible avec plus ou moins d’élasthane. De ce fait, elles sont plus souples qu’une écharpe tissée, mais, la composition du tissu étant différente, plusieurs couches de tissus vont être nécessaires pour soutenir le bébé, contrairement à la version tissée où, la plupart du temps, une couche de tissu est suffisante. Les écharpes tricotées peuvent montrer une certaine limite en termes de poids, quand le bébé commence à être un peu plus lourd, parfois on arrive à la limite du soutien

Enfin, nous appelons le dernier type d’écharpe de portage les « sling ». Ces écharpes possèdent un anneau et sont souvent appréciées pour leur utilisation assez simple, tout en assurant un bon soutien et un bon serrage zone par zone pour le dos du bébé. 

En ce qui concerne les porte-bébés, notamment ceux en bandoulières mentionnées tout à l’heure ou hamac, ceux-là vont être à éviter pour des raisons de sécurité. En effet, les voies aériennes du bébé ne sont pas assez dégagées, le menton touche souvent la poitrine, le bébé est posé en fait dans le porte-bébé et sa tête se relâche vers l’avant. Pour bien dégager les voies aériennes, cette position n’est pas sécuritaire. De plus, les soutiens ne vont pas être suffisamment ajustés et ne vont pas permettre au bébé de pouvoir modifier sa position s’il est inconfortable ni assurer la protection du dos et des hanches en raison de cette position couchée. Avec ce type de porte-bébé, l’enfant ne retrouve pas la position accroupie qui doit être privilégiée dans le portage

Il y a d’autres porte-bébés, ils vont être à choisir parmi ceux dits « physiologiques ». Les porte-bébés non physiologiques ne permettent pas d’obtenir la position accroupie et le bassin basculé, comme avec l’écharpe. Dans ces porte-bébés non physiologiques, le bébé est souvent soutenu au niveau des parties génitales. Les jambes pendent alors dans le vide et le rassemblement, l’agrippement, toutes les activités d’autorégulation, sont très limitées, voire impossibles. Le portage est finalement peu contenant, peu sécurisant, et il est en plus peu soutenant du point de vue postural. 

Du côté des porte-bébés, nous allons plutôt nous diriger vers des porte-bébés physiologiques préformés. Ceux-là vont plutôt être indiqués pour les enfants qui commencent à tenir assis. Avant cet âge-là, avant que la station assise soit acquise, les porte-bébés préformés sont souvent un peu trop grands pour les petits bébés, les jambes sont souvent trop écartées. 

De ce fait, il faut aller voir du côté des porte-bébés qui sont plus adaptés aux nouveau-nés, il commence à y en avoir de plus en plus dans certaines marques. Il faut choisir des modèles réglables en hauteur de tablier (au niveau du dos) et qu’ils soient bien réglables aussi au niveau de la largeur des hanches. En effet, plus le bébé est petit, moins les hanches ont la possibilité de s’ouvrir. Les hanches s’ouvrent lorsque le bébé grandit. Pour ne pas forcer cet écart de hanche et que le processus reste naturel, il faut avoir accès à un système de réglage afin d’ajuster à l’âge et à la morphologie du bébé. 

Il existe également les porte-bébés asiatiques, appelés meï-taï. Ces modèles sont intéressants pour les tout petits puisqu’il s’agit de modèles hybrides entre l’écharpe et le porte-bébé. Ils permettent souvent un réglage suffisamment bon par rapport à la taille du bébé et vont rester assez souples, ce qui est important parce que parfois les porte-bébés sont assez rigides et vont empêcher l’arrondi du dos. 

En ce qui concerne le portage au dos, il peut se faire en écharpe. D’ailleurs, il peut être intéressant de proposer cette position aux enfants un peu plus grands, ceux qui ont des temps d’éveil plus longs et qui vont être en demande d’interactions avec leur environnement. Souvent, le portage au dos va aussi permettre aux parents de se sentir moins envahis et là, pour le coup, il va permettre d’adapter ses activités ou ses tâches. Il peut aussi être réalisé avec des nouveau-nés, mais cela demande d’être suffisamment à l’aise avec les premières techniques et les premiers nouages en ventral. 

Le portage au dos est aussi possible avec des porte-bébés. Encore une fois, il faut privilégier des porte-bébés plutôt souples, ajustables et préformés qui respectent la bonne posture de l’enfant. Il est également nécessaire de faire attention aux porte-bébés de randonnée qui sont parfois un peu trop rigides selon la phase du développement de l’enfant et parfois très lourds pour le porteur. Pour des bébés qui marchent, cette solution s’envisage plutôt bien. Pour des bébés qui ne sont pas encore marchant ou pour qui la station assise n’est pas encore acquise, ces porte-bébés peuvent être un peu rigides et forcer la position. 

Laure : C’est très clair ! Finalement, on se rend compte qu’il y a un large choix pour les parents en fonction de leurs préférences, de la technicité des outils, du style de vie, il y a une offre relativement large pour convenir au plus grand nombre.

Conseils pour pratiquer le portage en toute sécurité.

Est-ce que vous avez des conseils pour bien choisir son accessoire de portage ? Vous nous avez déjà partagé quelques éléments, par exemple l’importance de vérifier que le modèle soit physiologique, avec des parties réglables pour s’adapter à la morphologie du bébé, est-ce qu’il y a d’autres points de vigilance ?

Sandra : Le meilleur outil pour les parents sera celui qui leur correspondra le mieux en fonction des besoins de portage, du mode de vie et de ce avec quoi ils vont être à l’aise. Il ne faut pas se lancer dans un outil de portage pour lequel on a des appréhensions. Par exemple, si on sait d’emblée qu’on ne va pas vouloir nouer une écharpe qui fait 4 mètres de long ou qu’on a besoin de quelque chose de rapide, cela va orienter les choix d’accessoires de portage. 

Il est important de définir avec le parent les besoins au quotidien, le choix peut aussi être différent en fonction de la saison, du climat, du lieu de vie, de pourquoi on veut porter, et d’autres questions comme : est-ce que ça va être un portage de longue durée pour des balades, est-ce que ça va être un portage de courte durée, est-ce que ça va plutôt être à la maison, est-ce que ça va être plutôt statique ou d’appoint ? 

Toutes ces réponses vont guider le choix du mode de portage. Ensuite, il ne faut pas hésiter à se rapprocher de monitrices·teurs de portage, de participer à des ateliers en individuel ou en groupe parce que c’est l’occasion de tester plusieurs outils et d’avoir les premiers ressentis du portage pour soi et pour le bébé. Ces expériences permettent aux parents de faire un choix éclairé, en connaissance de toutes les informations qu’on leur donne et en connaissance de tout ce qui a pu être vécu pendant cet atelier de portage. 

Une des premières choses que l’on m’a apprise quand j’ai fait ma formation de monitrice est qu’on ne peut pas choisir pour le parent. Nous donnons les informations : les informations de portage, les bienfaits du portage pour le bébé, pour le parent. Nous laissons ensuite la possibilité aux parents de choisir, tout en guidant, tout en continuant de donner les informations. 

Dans tous les cas, quel que soit l’outil qui sera proposé, il faudra toujours s’assurer des consignes d’utilisation et de sécurité. Les principales sont :

  • avoir un portage haut, à hauteur de bisou ; 
  • le bébé toujours tourné vers le porteur ;
  • toujours en position verticale ;
  • le visage bien dégagé ;
  • tête et main et pied libres ;
  • le bébé est habillé de façon adaptée aux températures extérieures.

J’imagine que la pratique du portage, le fait d’être contre son parent, va avoir tendance à réchauffer son bébé. Est-ce qu’on le laisse en body pyjama à la maison ou mieux vaut-il privilégier un autre vêtement ?

Sandra : Il faut s’adapter à la température. Là, vu les températures qui se profilent cette semaine [au moment de l’interview], durant l’été il ne faut pas hésiter à laisser son bébé en couche contre soi ou juste en body. 

L’hiver, par exemple, on a toujours bébé sur soi, c’est-à-dire qu’on ne met pas bébé sur son manteau. On met bébé sur soi et ensuite le manteau par-dessus. Le bébé n’est jamais ni en combinaison ni en manteau ni en blouson, il est toujours habillé comme en intérieur. Il est donc en pyjama ou habillé avec des vêtements légers, avec un petit gilet s’il fait vraiment froid, mais on n’habille pas bébé en combinaison dans l’écharpe. 

Laure : Ça deviendrait encore plus sportif pour faire le nouage ! Si nous résumons : on garde la tenue qu’il a à l’intérieur. S’il fait chaud et qu’il est en body ou juste en couche, on le garde comme ça contre soi pour sortir, pour le mettre dans l’écharpe ou dans l’accessoire de portage. De la même manière, en hiver, s’il est en body et pyjama, on le laisse en body et pyjama pour le mettre contre soi. 

Sandra : Après, on adapte en fonction de la température extérieure. S’il y a des températures hivernales, on rajoute une petite brassière, un petit gilet ou un petit pull, et surtout on protège bien les extrémités

La tête est toujours à l’extérieur, elle n’est jamais dans l’écharpe. Les mains sont proches du visage, dans l’écharpe, mais quand même libres et les pieds sont aussi toujours à l’extérieur. De ce fait, la tête doit toujours être protégée par un petit bonnet ou un petit chapeau, encore une fois en fonction de la température. 

De la même manière, on protège bien les pieds et s’il fait très froid on peut rajouter une paire de chaussettes avec le pyjama. L’été on pense aussi à couvrir la tête, les jambes et la peau du bébé pour le protéger du soleil.

Je ne sais pas si c’était une chose qu’on faisait bien, mais nous mettions un petit lange, légèrement coincé dans le porte-bébé, sur les jambes de notre fils l’été, est-ce une pratique que l’on peut recommander ?

Sandra : Oui, en faisant attention qu’il n’y ait pas trop de pression sous les pieds. Après, si le lange est laissé un peu libre.

Laure : Oui, il était laissé libre. 

Sandra : À partir du moment où les pieds restent à l’extérieur, il n’y a pas de soucis.

Existe-t-il des contre-indications au portage ?

Vous nous parliez de la position verticale, du fait que le bébé garde les mains proches du visage, mais quand même libres, tout comme les pieds. À ce sujet, est-ce qu’il y a des positions recommandées ou des positions à éviter, que ce soit pour le confort du bébé ou pour son bon développement ?

Sandra : La position recommandée va rester la position verticale, le bassin bien basculé, la position accroupie, très accroupie lorsque bébé est tout petit, ce qu’on appelle l’assise profonde. Cette position, avec les genoux toujours plus haut que les fesses au niveau du nombril, reste finalement la même. 

Par contre, on va éviter la position face au monde, une position qu’on voit assez souvent dans les porte-bébés, mais parfois aussi dans les écharpes. Dans cette position, le bébé est soumis à de nombreuses stimulations qu’il peut avoir du mal à filtrer. La position face au monde va offrir moins de possibilités de régulation, car moins de possibilités d’enroulement et d’agrippement et donc moins de possibilités de retrouver quelque chose de sécurisant pour le bébé. 

Finalement, on retrouve la même chose en poussette. Nous y pensons moins parce que nous avons l’impression que le bébé est un peu plus contenu, bien installé, mais finalement un bébé en poussette promené face au monde va aussi être complètement soumis aux stimulations de la rue, après ça dépend de l’endroit où on se promène évidemment. 

Laure : En tout cas de l’environnement. 

Sandra : En poussette, il est peut être intéressant de tourner bébé face à soi. 

Ensuite, on va éviter les porte-bébés non physiologiques qui ne vont pas soutenir suffisamment la bascule du bassin et la position accroupie qui protège. On évite aussi les portages de profil ou les portages en banane, en position hamac, car de nouveau ces positions n’offrent pas de protections suffisantes du dos et des hanches et présentent un risque au niveau de la sécurité par un manque de dégagement des voies aériennes. 

Nous allons toujours privilégier la verticale, au centre du porteur ou en léger décentré. Nous pouvons aussi porter sur la hanche ou dans le dos, mais toujours en position verticale et dans cette fameuse position accroupie ou, en tout cas, avec le bassin suffisamment basculé. 

Laure : D’accord ! Tout est très clair, merci Sandra. Nous mettrons des liens des vidéos que vous nous avez partagées et qui montrent comment positionner le bébé dans l’écharpe et, justement, on voit bien le regroupement dont vous parlez et le positionnement des hanches. Une nouvelle fois, il ne faut pas hésiter non plus à aller dans des ateliers ou à se rapprocher de moniteurs·trices de portage pour se faire accompagner et être sûr d’utiliser les bonnes positions pour son bébé

Sandra : Oui et puis pour être aussi plus en confiance. Si on va chercher tout seul sur internet, il y a tellement d’informations, tellement d’outils, tellement d’écharpes, tellement de vidéos, qui sont plus ou moins bonnes d’ailleurs, certaines laissent à désirer quand même… Les ateliers permettent d’avoir de nouveau toutes les informations et de pouvoir se sentir sécurisé dans ses compétences en tant que parents

Ces rencontres peuvent aussi permettre de suivre le bébé dans son évolution, dans sa croissance et de pouvoir modifier le portage si le parent a envie de le porter. Parfois, il peut y avoir ce besoin-là quand le bébé est tout petit, durant les premières semaines ou les premiers mois et puis le besoin se fait moins sentir. Cependant, il y a certains parents qui sont très à l’aise avec ça et qui ont envie de continuer et du coup ça permet de suivre l’évolution de bébé et de ses besoins.

Merci beaucoup Sandra pour tous ces conseils sur le portage ! Grâce à cette interview, nous avons pu saisir les multiples bénéfices de cette pratique aux origines anciennes. Entre l’enrichissement du lien de proximité, la possibilité d’observer son bébé et de répondre plus rapidement à ses besoins, le soutien du bon développement de son dos et de ses hanches, la pratique de l’allaitement facilité, mais aussi le développement socioaffectif et du langage, il existe plus d’une raison pour se lancer ! 

Si après la lecture de cette transcription, vous avez encore des questions au sujet du portage, vous pouvez les écrire en commentaires de cet article ou nous contacter. Avec l’aide de Sandra, nous vous apporterons des réponses.

Dans notre blog, vous trouverez d’autres interviews d’experts sur des sujets divers comme le bain enveloppé, l’ostéopathie ou la douleur du bébé prématuré. Nous vous préparons encore de belles rencontres prochainement, vous pouvez rester informés des derniers contenus sur nos réseaux sociaux (Facebook et Instagram) ou en souscrivant à notre newsletter.

Et une nouvelle fois, un grand merci à Sandra de nous avoir apporté tous ces éclaircissements !

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